Le gouvernement a dévoilé sa troisième stratégie nationale pour la biodiversité, le 27 novembre. Le texte rappelle les objectifs nationaux en matière de protection et de restauration, et introduit de nouveaux moyens pour faciliter la mise en œuvre de son plan.
Le gouvernement a dévoilé sa nouvelle stratégie nationale pour la biodiversité (SNB), qui vise à mettre un terme à l’érosion du vivant d’ici 2030, alors que « la sixième extinction menace » a exprimé Elisabeth Borne lors de la présentation du document le 27 novembre.
L’enjeu est immense : les deux dernières SNB ont été un échec et la biodiversité n’a cessé de se dégrader. Le nouveau plan comprend 40 mesures et 200 actions et s’articule autour de 4 axes : réduire les pressions, restaurer la biodiversité, mobiliser les acteurs et renforcer les moyens.
Du réchauffé
La plupart des mesures présentées sont des rappels des objectifs déjà fixés, comme la mise sous « protection forte » de 10 % du territoire, annoncée dans la stratégie nationale des aires protégées en 2021… et qui aurait dû être effective en 2022. Alors que seulement 4,2 % du territoire est sous « protection forte » aujourd’hui, la mesure a été repoussée à 2030. La protection de 100% des récifs coralliens français d’ici à 2025 avait elle aussi déjà été mentionnée en juin 2021.
Même constat pour l’objectif de restauration de 50 000 ha de zones humides d’ici 2026 - un cap déjà présenté dans le plan national milieux humides 2022-2026, ou la volonté de planter 50 000 km de haies supplémentaires d’ici 2030, mise en avant lors de la présentation du « pacte en faveur de la haie et de l’agroforesterie », le 29 septembre. A également été rappelée la volonté de planter 1 milliard d’arbres d’ici 2030, d’essences « diversifiées » et « adaptées au climat futur », mesure qui ne fait d’ailleurs pas consensus du côté des spécialistes de la biodiversité.
Concernant les pesticides ou l’agriculture, la SNB ne tranche pas et renvoie vers le plan « Ecophyto 2030 ».
Se donner des moyens de réussir
Les nouveautés sont surtout du côté des moyens. Le gouvernement annonce 141 nouveaux emplois pour renforcer les effectifs sur le terrain et a rappelé qu’un milliard d’euros supplémentaire sera consacré à la protection de la nature et de l’eau dès 2024.
Pour la première fois le gouvernement se dote également d’une tour de contrôle, pour surveiller la mise en œuvre de ces objectifs. L’Office française de la biodiversité (OFB) sera chargé de suivre les indicateurs, sous la supervision du Secrétariat général à la planification écologique (SGPE) rattaché à la Première ministre, qui « activera les actions correctrices en cas de déviation des trajectoires », note le plan, sans plus de précisions. Le gouvernement a également annoncé la création d’un observatoire des énergies renouvelables et de la biodiversité.
Aucune valeur juridique
Cette nouvelle stratégie ne fait cependant pas consensus. Le WWF salue par exemple « le cadre d’action », mais regrette « un manque d’ambition sur les subventions néfastes à la nature ». « Tant qu’elles représenteront 10 milliards d’euros par an, toute stratégie biodiversité restera une éponge contre un Karcher », ajoute l’ONG. Un constat également partagé par l’avocat Arnaud Gossement, spécialiste du droit de l’environnement et de l’énergie. « Certes, la SNB rappelle qu’un effort budgétaire sera fait. Mais ne comporte aucune précision sur la suppression des mesures fiscales et de financement des énergies fossiles qui contribuent au changement climatique et à l’effondrement de la biodiversité », détaille-t-il sur X (ex Twitter)
Et reste que la SBN n’a aucune valeur juridique. « La SNB 2030 connaîtra le même sort que la SNB 2020. C’est dire l’oubli, déplore l’avocat. Un plan qui s’empile sur les autres à l’heure où la nature s’écroule… ». Selon un rapport de l’IPBES, surnommée le GIEC de la biodiversité, environ 1 million d’espèces animales et végétales sont aujourd’hui menacées d’extinction.