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Une île bientôt 100 % autonome

PUBLIÉ LE 24 SEPTEMBRE 2012
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El Hierro, petite île des Canaries, va démarrer au début 2013 une centrale hydro-éolienne lui offrant une autonomie énergétique totale. L'installation préfigure un changement complet des modes de vie sur l'île. Chaque année, l'île El Hierro importe plus de 40 000 barils de pétrole pour alimenter sa centrale électrique et son usine de dessalement d'eau de mer. Mais début 2013, les choses devraient changer. Une centrale hydro-éolienne y produira toute l'électricité nécessaire à l'économie de cette communauté espagnole de 11 000 habitants. Le principe :cinq éoliennes d'une capacité totale de 11,5 MW produiront l'électricité nécessaire à l'île plus de la moitié de l'année. Une partie (19  %) des 46 GWh générés sera affectée au pompage de l'eau nécessaire à une centrale hydroélectrique de 11,3 MW, constituée de 4 turbines Pelton de 2,83  MW, d'un bassin inférieur de 150  000  m 3 au niveau de la mer et d'un bassin supérieur de 380 000 m 3 , situé dans un cratère à 658 mètres d'altitude. En périodes de vent faible, plutôt rares à El Hierro, l'eau pompée dans le bassin supérieur sera relâchée vers le bassin inférieur, faisant ainsi tourner les turbines. Les 380  000  m 3 d'eau stockées en altitude offrent une énergie disponible de 217 MWh, soit deux jours d'autonomie complète pour l'île. Ce système de « pile à eau » représente une première mondiale sur une île non reliée à un réseau électrique. Elle pourrait intéresser de nombreuses îles dans le monde, comme la Réunion ou la Corse. «  À terme, l'ensemble de notre parc automobile deviendra électrique, et l'économie insulaire s'articulera en fonction de la force du vent  », prévoit Juan Manuel Quintero, directeur délégué de Gorona del Viento. Cette société d'économie mixte (sem) est détenue par le Gabildo, gouvernement local, à hauteur de 60  %, par l'énergéticien Endesa (30 %) et par le gouvernement d'Espagne à travers l'Institut technologique des Canaries (10  %). Elle a prévu de remplacer 40 % des quelque 6 000 véhicules thermiques de l'île par des modèles à batteries échangeables d'ici à 2020. Principale ressource économique de l'île avec le tourisme, l'agriculture est aussi intéressée au projet, car elle utilise 40 % de l'eau consommée sur l'île. «  Le remplissage des réservoirs des cultures aura lieu au moment où les éoliennes tournent, tandis que l'irrigation sera réalisée par vent faible  », présente Juan Manuel Quintero. Pour imaginer cette interconnexion des systèmes énergétiques et agricoles, El Hierro s'est inspirée du concept de «  Blue Economy  » de Gunter Pauli. Celui-ci a mis sa fondation Zeri au service des élus de l'île. «  En 2000, quand la population a refusé le projet de construction d'une plateforme de lancement de missiles, il a fallu s'interroger sur le devenir de l'île, se souvient Gunter Pauli. J'ai coordonné les premières réflexions :l'agriculture devait être la base de son développement. Or il n'y a pas à assez d'eau et d'énergie sur l'île. J'ai donc proposé deux idées, la centrale hydro-éolienne, développée par Gorona del Viento, et le passage à une agriculture 100 % biologique d'ici à 2017. »La métamorphose est déjà en marche :un digesteur de lisier de porc et de déchets verts produit du biogaz, et un digestat utilisé comme engrais dans les cultures de banane et d'ananas bio. Les vaches, qui provoquaient une érosion des sols très fragiles, ont été remplacées par un cheptel de chèvres et mouton. Leur lait est transformé dans une fromagerie construite près de la centrale éolienne. Résultat :« Les fromages s'arrachent sur le marché local et à l'exportation. Les paysans gagnent bien leur vie », se réjouit Gun-ter Pauli. L'année dernière, quatorze nouvelles fermes ont été créées. Cette stratégie globale a relancé le développement économique de l'île, au prix d'investissements relativement modestes. La centrale hydro-éolienne, par exemple, va coûter 60 millions d'euros. Le projet a été initié par une aide de 35  millions d'euros du gouvernement central espagnol. « Localement, il y a un consensus politique autour de ce projet unique, qui va permettre à El Hierro d'être à la pointe des territoires insulaires ayant l'ambition d'appuyer leur développement sur les énergies renouvelables », se félicite Alpido Armas Gonzales, président du Gabildo. Sur la planète, 600 millions de personnes vivent sur des îles. El Hierro fait déjà figure d'exemple.
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