Le tournant est d'importance pour Soprema : passer du pétrole aux composés renouvelables. En plus du bitume, à la base de ses produits d'étanchéité, d'autres matières d'origine pétrolière, dont de nombreux polymères, se sont ajoutées au fil de l'élargissement de sa gamme à l'isolation et à l'enveloppe du bâtiment en général. « Nous avons pour objectif à terme de substituer 65 % des matières premières pétrosourcées par des ressources renouvelables », annonce Rémi Perrin, directeur de la R & D. Pour mener ce projet, Soprema s'est lancé depuis quelques mois dans un programme de recherche, « Mutatio », qui l'associe à l'université de Strasbourg, à l'IFTH (Institut français du textile et de l'habillement) et à trois partenaires industriels. Mutatio mobilise 21 millions d'euros d'investissements jusqu'en 2017. Un seul produit ne suffira pas à opérer la substitution. « Nos recherches se sont orientées vers trois familles de ressources : la fibre de lin pour les renforts de membranes, les huiles végétales pour la production des résines d'étanchéité liquide, et les dérivés des résines de pin pour nos solutions visqueuses et autoadhésives », dévoile Rémi Perrin. La filière de lin engendre pour l'heure les avancées les plus prometteuses, avec l'espoir d'aboutir, d'ici à la fin de l'année, à des applications dans les sous-toitures. Rien que dans l'usine de Strasbourg, ce sont 70 000 tonnes de membranes bitumineuses et résines liquides qui sortent chaque année.