Vingt équipes universitaires de 16 pays, rassemblant plus de 800 participants, s'étaient donné rendez-vous du 28 juin au 14 juillet pour un défi bien plus utile qu'une Coupe du monde de foot : le Solar Decathlon Europe. Cette com­ pétition d'architecture, qui s'est tenue pour la première fois en France, à Ver­ sailles, vise à concevoir et présenter des constructions zéro-énergie et adap­ tées à leur environnement. Comme son nom l'indique, elle comporte dix épreuves : communication et sensi­ bilité sociale, urbanisme transport et accessibilité financière, architecture, ingénierie et construction, efficacité énergétique, développement durable, innovation, équipement et fonction­ nement, bilan énergétique, et enfin confort. Outre des critères classiques d'architecture ou de production d'éner­ gie, les jurys disposent de données techniques mesurées par des capteurs, comme l'humidité, la température, ou la qualité de l'air. Les équipes ont dix jours pour monter un prototype à l'échelle 1 avant le lancement de la compétition, organisée par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), à la demande du ministère du Logement. Grande gagnante : l'équipe italienne de l'université de Roma Tre, pour son pro­ jet Rhome for Dencity, des construc­ tions d'immeubles sociaux neufs en périphérie de Rome, en remplacement d'habitats illégaux. Un logement du dernier étage de cet immeuble était présenté à Versailles. « Il existe une demande pour des petits logements urbains peu coûteux, indique Elena Detiker, l'une des étudiantes de l'uni­ versité de Roma Tre à l'origine de ce projet. Nous avons aussi mis l'accent sur les espaces communs, importants dans la culture italienne, et des ter­ rasses extérieures. » Le logement est très modulable et s'adapte aux diffé­ rentes saisons : la cuisine s'ouvre soit sur la terrasse soit sur la pièce à vivre. Des modules photovoltaïques sont ins­ tallés en toiture, mais aussi en façade, et peuvent s'incliner comme des per­ siennes pour suivre le soleil. Ce projet est emblématique du concours européen de Solar Decathlon, issu d'une compétition américaine davantage tournée vers la production maximum d'énergie. Ici, trois mots-clés : sobriété énergétique, adaptation à l'environne­ ment, et surtout densification. Ce qui passe, souvent, par la réhabilitation de bâtiments existants. Ainsi, le pro­ jet français Philéas par l'équipe nan­ taise Atlantic Challenge, deuxième au classement général, et même premier prix en efficacité énergétique, consiste à réhabiliter un bâtiment industriel agricole de 60 mètres de long, Cap 44, datant de 1895 et aujourd'hui désaf­ fecté. Il comportera des logements, des bureaux, et le dernier étage accueillera une verrière photovoltaïque, permettant le maraîchage urbain en même temps que la production d'électricité. Réhabilitation encore avec le projet The Skin par l'équipe néerlandaise Prêt à lo­ ger. Il est destiné aux maisons alignées sur rue, comme on en rencontre aussi dans le nord de la France. Or, ces mai­ sons sont souvent mal isolées. Plutôt que de les détruire puis reconstruire, The Skin prévoit d'appliquer une « se­ conde peau » constituée d'une serre solaire avec des panneaux photovol­ taïques, complétée par un système domotique contrôlant la ventilation, le chauffage et l'éclairage. Ce projet remporte ainsi le troisième prix au classement général, le premier prix en développement durable et le deuxième en efficacité énergétique. Le Solar Decathlon dévoile aussi les grandes tendances en matière d'urba­ nisme durable. Ainsi, la lutte contre l'étalement urbain est une priorité, et plusieurs équipes se sont intéressées aux espaces libres en toiture. C'est le cas des Allemands pour le projet Rooftop, qui vise à construire des extensions au bâtiment sur le toit, en les équipant de panneaux photovoltaïques articulés à commande automatique, et de chauffe-eau solaires. Un autre projet allemand, Ontop, vise à ajouter un étage addition­ nel en toiture, composé de logements entrecoupés de terrasses. Cet ajout reste très léger grâce à une ossature bois et des tuiles de fibrociment imitant l'ardoise traditionnelle des toitures de Frankfort. Colonisation des toitures toujours pour le projet danois Embrace, ainsi que le projet espagnol Simbcity. Le toit, avenir de l'architecture urbaine ?