Bilan à mi-parcours. Deux ans après le lancement du projet GreenLys, qui teste jusqu'en 2016 le fonctionnement d'un réseau électrique intelligent, les premiers résultats sont encourageants. 90 % des utilisateurs sont satisfaits du matériel installé et des conseils fournis, qui leur ont permis de modifier leurs habitudes de consommation d'électricité. Le projet, déployé depuis à Lyon et à Grenoble, est piloté par le gestionnaire de distribution d'électricité ERDF. Il compte quatre autres partenaires principaux : GDF Suez, Gaz électricité de Grenoble, Grenoble INP et Schneider Electric (qui fournit les appareils de pilotage). Le projet a également reçu le soutien de l'Ademe dans le cadre des investissements d'avenir. Leur constat : l'effacement, qui consiste à reporter la consommation d'une à deux heures, est bien accepté par les particuliers.
GreenLys a placé les consommateurs au cœur de son dispositif : en modulant leur consommation et en acceptant des effacements, ils limitent les pics de demande d'électricité et facilitent l'intégration de l'électricité intermittente. Aujourd'hui, 390 consommateurs participent. Ils ont été recrutés par porte-à-porte ou suite à des campagnes d'information. Parmi eux, se trouvent des technophiles (qui veulent tester des outils innovants), des utilisateurs attirés par le suivi de la consommation d'énergie, des écologistes souhaitant réduire leur empreinte écologique et enfin, un profil économe. Dans tous les cas, une fois l'utilisateur inscrit, que se passe-t-il ? Un technicien pose chez lui des appareils reliés au système d'information de GreenLys, un outil qui mesure la consommation globale directement dans le tableau électrique, ainsi que deux des principaux usages, et un boîtier permettant de piloter le ballon d'eau chaude. Le chauffage électrique est également surveillé de près avec des boîtiers connectés aux radiateurs qui gèrent jusqu'à trois zones de chauffage distinctes. Chaque zone possède un thermostat propre et peut être contrôlée par ordinateur. Enfin, une box recueille toutes les données et pilote les autres équipements installés dans la maison. Elle est connectée à la box ADSL et renvoie les données sur internet, ce qui permet à l'utilisateur de suivre en ligne ses consommations. Si le réseau est trop chargé, l'agréga-teur qui analyse toutes les données peut décider de limiter la consommation des chauffages électriques. L'effacement a lieu au maximum deux heures tous les deux jours, pendant des plages horaires préalablement définies. Un petit signal s'allume sur la box et l'utilisateur peut refuser cet effacement. « L'idée n'est pas de stopper le chauffage. Nous nous sommes engagés contractuellement à ne pas faire baisser la température de plus de 1 °C pendant les effacements », souligne David Peissel, responsable de la coordination du projet GreenLys pour GDF Suez. Depuis le début du projet, le taux de dérogation est de seulement 5 %. « Nous avons respecté nos engagements et bien expliqué la démarche. Les clients sont informés en amont avec le porte-à-porte ou les explications données par diverses actions de communication. L'installateur posant le matériel fournit également des informations. Puis, une fois l'expérimentation commencée, les salariés de l'Agence locale de l'énergie se rendent sur place pour donner des conseils personnalisés », détaille-t-il. Aujourd'hui, ces effacements ont un impact limité sur le réseau, mais les acteurs du projet ont déjà imaginé deux offres spécifiques de vente d'électricité pour limiter les pointes. Ces offres iraient plus loin que le tarif actuel basé sur les heures pleines et les heures creuses, qui propose deux plages identiques tout au long de l'année. Le tarif « optim conso » proposerait quatre niveaux de prix, tandis que l'offre « éco-pointe » compren drait, outre des heures pleines et creuses, une pointe mobile pour intégrer l'effacement. Afin d'inciter les utilisateurs à modifier leurs comportements, en fonction de ces nouveaux tarifs (qui sont uniquement des simulations à l'heure actuelle), à accepter l'effacement et à s'impliquer sur le site en ligne du projet, un concours récompense les participants les plus impliqués. L'expérimentation suit son cours et de nouveaux clients doivent encore être recrutés. Objectif : atteindre les 1 000 utilisateurs prévus par le projet.