L'Assemblée nationale a adopté en première lecture, le 29 janvier, un projet de loi visant à publier chaque année des indicateurs de richesse qui compléteraient le PIB et permettraient de mesurer l'efficacité des politiques publiques. « Ces indicateurs pourraient porter sur trois thématiques qui font consensus : l'environnement (climat et biodiversité), la qualité de vie (en particulier les inégalités de revenus) et le patrimoine national », propose la rapporteure Eva Sas (EELV). Elle souhaite que le choix de ces indicateurs fassent l'objet d'une conférence citoyenne. Une méthode qui permettrait leur appropriation tant par les élus que par les citoyens. Car des indicateurs, il en existe beaucoup mais peu sont véritablement utilisés et partagés. Ainsi, la loi de finances est déjà annexée d'un rapport économique, social et financier qui comprend 23 indicateurs, la première Stratégie nationale du développement durable (SNDD) a les siens et la deuxième en cours de rédaction en aura d'autres et l'Association des régions de France en a publié 25 en 2012.
Et cette diversité se retrouve aussi à l'international. « L'OCDE publie un rapport sur le mieux vivre et Eurostat a également ses indicateurs de richesse », poursuit l'élue. Cette multitude d'initiatives dispersées a été également pointée par le Conseil économique, social et environnemental (Cese) lors d'un débat d'actualité, le même jour, sur les nouveaux indicateurs de croissance. Avec un constat identique : le PIB n'est pas suffisant pour mesurer la qualité de la croissance et doit donc être complété. « Le PIB n'est qu'un indicateur de flux qui ne retranscrit pas l'état des stocks des ressources et laisse de côté la soutenabilité sociale et environnementale », expliquait Jean Pisani-Ferry, commissaire général de France Stratégie. C'est pourquoi France Stratégie a publié en septembre 2014 une batterie de sept indicateurs susceptibles d'accompagner le PIB. Mais si tout le monde s'accorde sur la nécessité d'une liste d'indicateurs simples, disponibles et stables, leur choix reste très discuté. D'ores et déjà, le Cese et France Stratégie ont décidé de travailler ensemble sur le sujet. « Nous avons prévu plusieurs réunions qui devraient aboutir à la publication d'une liste avant l'été », a annoncé Philippe le Clezio, membre du bureau du Cese et ancien président de la commission de concertation sur les indicateurs de la première SNDD. Un petit coup de pouce à la députée Eva Sas, qui espère que sa proposition de loi, une fois adoptée, entrera en application dès 2016.