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La COP 21 approche. La Conférence des Nations unies sur les changements climatiques se tiendra en décembre et, déjà, les clés d'un succès apparaissent. Les États vont remettre leurs contributions. « Beaucoup en juin », pronostique Laurence Tubiana. La représentante spéciale de la France, pays hôte, estime que « la Russie est prête à s'engager », mais que la Chine et l'Inde ont encore besoin de temps. Ces contributions seront considérées comme des engagements minimaux, car « les États ont tendance à faire des hypothèses conservatrices », observe Laurence Tubiana. Pour les rassurer et les pousser à être plus ambitieux, la présidence française de la COP 21 mise sur « l'Agenda des solutions ». Cette plateforme regroupera les contributions des entreprises et des collectivités locales. Un processus d'enregistrement et de validation est en cours d'élaboration.
Une pierre manque à l'édifice, a néanmoins souligné le 18 mars la chaire Économie du climat, lors de la présentation de sa dernière publication. « Depuis 2010, les négociations patinent », tacle Christian de Perthuis, président du conseil scientifique de la chaire. « Nous nous sommes demandé ce qui pourrait changer la donne. » Réponse : une tarification internationale du carbone. La chaire propose une solution, qu'elle juge « politiquement acceptable », en partant d'un constat : il a été décidé en 2009 de mobiliser 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 sans préciser qui paierait quoi, ni comment l'argent serait réparti. Pour y remédier, « il faut une règle du jeu simple et incitative », expose Pierre-André Jouvet, directeur scientifique de la chaire. Les universitaires imaginent un bonus-malus, appliqué aux États en fonction de la moyenne mondiale des émissions de gaz à effet de serre par habitant. Les pays au dessus paieraient et ceux en dessous recevraient l'argent, le prix du carbone étant calculé pour atteindre le total de 100 milliards de dollars déjà négocié. « Pour 2011, cela donnerait une tonne de CO2 à 7,50 dollars », illustre Pierre-André Jouvet. Reste à s'accorder sur le dispositif de mesure des émissions et sur le choix de l'année de référence. Et il faudra faire baisser progressivement cette moyenne mondiale des émissions. Pour cela, la chaire défend une coalition à trois – Chine, États-Unis, Europe – pour poser les bases d'un marché transcontinental du carbone en interconnectant les systèmes de quotas existant ou en développement. Une condition : créer une instance de régulation indépendante de tout lobby, public comme privé.