Industriel, Jean-Luc Petithuguenin n'en est pas moins un excellent financier. Le président et premier actionnaire de Paprec a profité de l'appétit des investisseurs institutionnels pour les obligations vertes (green bonds). Le numéro trois français du recyclage des déchets (papiers, plastiques, gravats…) a levé 480 millions d'euros. L'opération a suscité un vif intérêt : la demande recensée auprès des investisseurs a atteint près de 2 milliards d'euros. Le taux d'intérêt que paiera Paprec n'est pas étranger à cet afflux. À 7 % par an, il est très largement supérieur à ce qu'offraient les dernières obligations vertes émises. Le fabricant danois d'éoliennes Vestas a par exemple placé 500 millions d'euros en mars à 2,75 %. Mais les deux groupes n'ont pas la même taille. Surtout, comme l'ont souligné les agences chargées de noter l'emprunt obligataire de Paprec, le groupe de recyclage est encore fortement dépendant du seul marché français, ce qui constitue un handicap en cas de ralentissement économique. De même, Paprec est encore très endetté, avec une dette nette qui représente cinq fois son excédent brut d'exploitation. En 2014, Paprec a dégagé un chiffre d'affaires de 791 millions d'euros et un excédent brut d'exploitation de 98 millions. L'opération reste néanmoins intéressante pour Paprec : la nouvelle dette remplace celle émise en 2012 lors de l'entrée des nouveaux actionnaires à un taux encore supérieur. Le groupe va donc en profiter pour réduire les charges financières qu'il paie chaque année et se donner de nouvelles marges de manœuvres pour investir. Sans compter les acquisitions, ses investissements annuels devraient avoisiner les 30 millions d'euros. Jean-Luc Petithuguenin s'est fixé pour objectif d'atteindre le milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2016. Cette opération illustre enfin la démocratisation des obligations vertes. Leur charte, qui dicte les principes de ce mode de financement, a récemment été actualisée afin de mieux préciser les règles d'utilisation de ces fonds. En 2015, près de 50 milliards de dollars devraient être levés à travers le monde suivant ce modèle, 15 milliards de plus qu'en 2014.