Pourquoi Global Bioenergies s'associe à Cristal Union ? L'objectif est de fournir une alternative bio-sourcée à des intermédiaires chimiques issus du pétrole pour les marchés des caoutchoucs, des plastiques ou des biocarburants. Soit un marché de 15 millions de tonnes et 25 milliards de dollars. Cette coentreprise avec Cristal Union, IBN-One, a pour but de construire la première usine d'isobutène produit par des bactéries, d'une capacité de 50 000 t/an. Deux sites de Cristal Union sont déjà pressentis pour accueillir cette unité, soit à Pomacle-Bazancourt, dans la Marne, soit à Arcis-sur-Aube, dans l'Aube. Ces deux sites ont la capacité de fournir près de 200 000 t/an de matière première, qui sera transformée en isobutène. Pour l'instant, nous avons investi un million d'euros pour mener un avant-projet détaillé. Dès 2016, les études d'ingénierie devraient démarrer, puis la construction, pour un démarrage dès 2018. Par la suite, d'autres sociétés de construction et d'exploitation pourront voir le jour, avec d'autres partenaires – des industriels du sucre, de la pétrochimie, des carburants… Votre procédé de production est donc finalisé ? Opérationnel depuis fin 2014, le pilote de production de Global Bioenergies fonctionne à merveille ! Installé dans les locaux d'ARD, sur la bioraffinerie de Pomacle-Bazancourt, il a produit en mars 2015 les premiers litres d'isobu-tène par voie fermentaire. Nous avons livré à notre partenaire Audi le premier lot d'iso-octane bio-sourcé – un composé de l'essence – fabriqué à partir de notre isobutène. L'avantage est de faire produire un composé gazeux à des bactéries, ce qui supprime les étapes d'ex-traction habituelles en milieu liquide et évite l'intoxication de la culture par accumulation du produit. L'isobutène est actuellement présent à hauteur de 2 % dans le mélange de gaz extrait du fermenteur, dépollué et concentré avant d'être compressé sous forme liquide, avec une pureté de 99,97 %. Nous avons jusqu'à fin 2016 pour améliorer la productivité de notre procédé et utiliser sa capacité globale, de 10 t/an. Comment financez-vous votre développement ? Nous avons levé 23 millions d'euros en 2013. Cela finance notamment notre pilote, d'un coût de 10,5 millions d'euros, soutenu pour moitié par des fonds publics, notamment via le programme d'Investissements d'avenir. Et notre démonstrateur industriel de 100 t/an en construction en Allemagne, qui représente 20 millions d'euros. Nous poursuivons la R & D sur deux autres molécules, le butadiène et le propylène. La première unité IBN-One, qui représente un investissement global de 100 millions d'euros, sera financée par deux tours de tables, de 15 millions d'euros en 2016 puis 100 millions en 2017. Nous prévoyons d'être rentables en 2019.