Un moment charnière. « Les chiffres du marché continuent à baisser mais les acteurs sont mobilisés. C'est maintenant ou jamais pour relancer le solaire thermique », analyse Céline Coulaud, ingénieur R & D en solaire thermique à l'Ademe. Comment ? Avec le plan de relance de trois ans coordonné par le syndicat des professionnels de l'énergie solaire Enerplan et cofinancé par l'Ademe. Il est porté par plusieurs acteurs de la filière, notamment le gestionnaire de réseau de gaz GrDF, Qualit'EnR et le bureau d'études Tecsol. Des partenaires de différents corps de métier, comme la Fédération française du bâtiment (FFB), apportent leur expertise et servent de relais. « Nous n'avons pas d'objectif chiffré, l'idée est surtout de relancer le marché. Nous souhaitons aussi voir la rentabilité progresser pour que les installations puissent se passer d'aides publiques d'ici trois ou quatre ans », détaille Céline Coulaud. Ce plan de relance, démarré en décembre 2014, cible les problèmes recensés et traités au sein de la plateforme SoCol (pour solaire collectif), créée en 2009 par Enerplan, et qui compte aujourd'hui 1 000 membres. Le plan est consacré au solaire thermique collectif, qui souffre de nombreux contre-exemples et du report à 2018 de l'obligation d'atteindre une consommation de 50 kWh EP/m² par an dans les logements collectifs. Le solaire thermique individuel, quant à lui, ne rencontre pas de problème technologique et il est surtout porté au niveau local, notamment sur les espaces info énergie. « L'Ademe apportera une contribution de 600 000 eu-ros, à laquelle s'ajoutera un montant équivalent versé par les acteurs du secteur. Par exemple, GrDF s'est déjà engagé à verser 40 000 euros en 2015 », détaille Richard Loyen, délégué général d'Enerplan. Le plan comprend le développement d'outils techniques et notamment la mise jour du logiciel de dimensionnement public Solo. « Ce logiciel fonctionne plutôt bien, mais reste perfectible. Je travaille avec Tecsol pour sortir une nouvelle version d'ici à la fin 2015 et nous avons déjà rédigé le cahier des charges », se félicite Xavier Cholin, expert en solaire thermique à l'Institut national de l'énergie solaire (Ines). Il compte notamment enrichir la base de schémas hydrauliques. Ces documents font d'ailleurs l'objet d'échanges animés au sein de SoCol dans le cadre de la promotion des meilleures pratiques. « Le solaire thermique traverse une crise de confiance, il faut revenir à des choses simples, mais certains acteurs ont du mal à l'entendre. Nous nous battons pour obtenir des mesures objectives sur les schémas dits innovants et promouvoir les schémas les plus performants », indique Xavier Cholin. Toujours dans l'optique de regagner la confiance, une action est consacrée au traitement des contre-références. Concrètement, un budget est alloué à la réalisation d'un diagnostic par un bureau d'études sur des installations ne fonctionnant pas et au financement d'une partie de la remise en état. Concernant la maintenance, les professionnels veulent proposer un système de suivi à bas coût et standardisé pour identifier les actions de maintenance curative et réduire la maintenance préventive. « Il existe aujourd'hui de nombreuses solutions, mais pas de standard sur le matériel, les mesures et l'analyse des mesures. Les maîtres d'ouvrage sont perdus », constate Xavier Cholin. Enfin, les acteurs travaillent sur des feuilles de route chaleur solaire industrie et réseaux de chaleur. Même si ce marché est embryonnaire aujourd'hui, il représente un fort potentiel. Outre les actions techniques, le plan prévoit des actions de communication comme la refonte du site internet SoCol, déjà effective. De plus, les acteurs ont débuté un tour de France des régions avec des réunions de sensibilisation regroupant maîtres d'ouvrage et professionnels. L'objectif est d'atteindre une réunion par région et par an. « La première année, le budget alloué au plan sera plus conséquent et concernera prioritairement des points techniques, notamment la mise à jour de Solo. Les deux années suivantes, le budget sera principalement consacré aux actions de communication, notamment sur des salons ou avec des formations », détaille Céline Coulaud.