Ségolène Royal l'a annoncé officiellement fin avril : le budget du Fonds chaleur, géré par l'Ademe, doublera d'ici à 2017 pour atteindre 420 millions d'euros. Ce fonds, créé en 2009 pour financer les projets de production de chaleur renouvelable, « a financé en cinq ans plus de 3 200 installations alimentées par des sources renouvelables et réseaux de chaleur pour un montant de 1,2 milliard d'euros d'aide, annonce le ministère de l'Écologie. Ces projets représentent la production de plus de 1,5 million de tonnes d'équivalent pétrole (tep) par an d'énergie renouvelable ou de récupération ». Seulement, depuis deux ans, le nombre de projets soutenu ne progresse plus. Or le Fonds chaleur a pour objectif d'atteindre les 5 millions de tep de chaleur produite d'ici à 2020. Un doublement des subventions était donc devenu indispensable.
« Pour relancer la machine, le Fonds chaleur doit mettre la priorité sur la résolution des tensions autour de la mobilisation de la ressource forestière », estime Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER). Un besoin entendu par l'Ademe, qui a lancé en mars l'appel à manifestation d'intérêt « dynamic bois ». Doté de 30 millions d'euros issus du Fonds chaleur, celui-ci vise à faire émerger des projets collaboratifs qui favoriseront la mobilisation de bois additionnel pour les chaufferies à biomasse. Les projets retenus seront dévoilés fin septembre.
Le Fonds chaleur a par ailleurs été élargi pour financer d'autres types de projets, au-delà des installations à biomasse, solaires thermiques, géothermiques… Les systèmes de récu-pération de chaleur fatale, les installations de méthanisation avec injection de biogaz dans le réseau ou encore les opérations pilotes de production de froid renouvelable seront à présent pris en charge. « Ce type d'installation pouvait déjà l'être dans la première version du fonds, mais l'Ademe n'avait pas spécialement pour consigne de les rechercher, ce qui sera davantage le cas maintenant », souffle Jean-Louis Bal. À elles seules, ces filières représentent un potentiel considérable de
production d'énergie renouvelable… mais difficile à chiffrer.
Pour l'association Amorce, un autre gisement important doit être pris en compte par le fonds : celui des réseaux de chaleur. « L'objectif pour 2030 est de multiplier par cinq la quantité de chaleur renouvelable distribuée par les réseaux, pointe Nicolas Garnier, secrétaire général de l'association. Or, avec les premières années du Fonds chaleur, les projets les plus évidents, comme la création de petits réseaux ou le passage de ceux existants aux énergies renouvelables, ont été réalisés. Pour aller plus loin, il faut engager une nouvelle dynamique. » Amorce estime que pour atteindre l'objectif, il faudra multiplier par cinq le nombre de locaux raccordés, faire passer de 40 % à 50 % la part de chaleur renouvelable distribuée par les réseaux et réduire les consommations de 20 %. « Pour cela, il va falloir que le Fonds chaleur s'adapte à de nouvelles cibles prioritaires : le développement et la densification des réseaux existants, et la création de grands réseaux dans des collectivités de plus de 20 000 habitants par exemple. » L'association défend la mise en place d'une prime au raccordement et l'accompagnement des grandes agglomérations dans la création de réseaux. « Nous sommes en discussion avec l'Ademe pour créer de telles mesures et pensons être sur la bonne voie », avance Nicolas Garnier.
Reste à savoir comment le fi nancement de ces projets, et donc le doublement du Fonds chaleur, sera mis en place. « L'enveloppe du fonds n'a pas été augmentée en 2015, ce qui veut dire que pour atteindre les 420 millions en 2017, elle devra doubler sur deux ans seulement. Nous craignons un effet d'annonce qui ne soit pas suivi par la mise à disposition des sommes promises », s'alarme Nicolas Garnier. Pour le SER en revanche, les fonds seront au rendez-vous : « En se servant du fonds pour la transition énergétique, l'Ademe aura la possibilité d'augmenter le budget du Fonds chaleur en cours d'année 2015, en fonction des besoins, c'est-à-dire des projets déposés », nuance Jean-Louis Bal. Il appartient donc aux professionnels et aux collectivités de se mobiliser pour déposer leurs dossiers et faire grimper ainsi l'enveloppe du Fonds chaleur. ACo