Un peu plus de sept mois. C'est – à cause du bruit des transports routiers, ferroviaires et aériens –, la période de vie en bonne santé perdue par une personne résidant toute sa vie dans l'agglomération parisienne, selon une étude réalisée par Bruitparif et l'Observatoire régional de santé Île-deFrance dont Environnement Magazine vous dévoile les résultats en avant-première. « Au total, 75 000 années de vie en bonne santé sont perdues chaque année dans l'agglomération, dont 44 000 à cause de troubles du sommeil, 30 000 de la gêne occasionnée et le reste du fait d'infarctus ou d'acou-phènes. Soulignons, en outre, que le bruit routier est responsable de 84 % des impacts, même si la méthode a tendance à minimiser ceux du bruit aérien », précise Fanny Mietlicki, la directrice de Bruitparif (à gauche sur la photo). Pour la première fois à cette échelle, les auteurs ont mis en œuvre une méthode de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'appuyant sur le calcul des Daly (Disability Adjusted Life Years). La quantification s'effectue notamment grâce aux données sur l'exposition au bruit de la population fournies par les Cartes stratégiques du bruit (CSB), enfin consolidées pour l'agglomération parisienne (au sens Insee, couvrant une grande partie de l'Île-de-France).
Ce travail inédit permet de rappeler l'impact réel des nuisances sonores sur la santé publique. « Les maires ont désormais conscience des conséquences sanitaires de la pollution de l'air. Mais pas forcément de celles du bruit, alors que les actions locales sont particulièrement pertinentes pour cette question », remarque Fanny Mietlicki. Baisse de la vitesse, pose de revêtements acoustiques sur la chaussée, élaboration des Plans de prévention du bruit dans l'environnement (PPBE) et, bien sûr, prise en compte en amont des projets d'urbanisme : les élus locaux ont toutes les cartes en main… Alors qu'une commission d'enquête sénatoriale a chiffré, en juillet, à au moins 100 milliards d'euros le coût économique annuel de la pollution de l'air en France (voir le n° 26 de cet hebdomadaire), cette nouvelle étude s'essaie aussi à une telle quantification en s'appuyant sur la méthode du « consentement à payer ». Résultat : une facture de 3,8 milliards d'euros pour l'agglomération parisienne. Une première estimation qui montre la nécessité d'investir dans la réduction à la source, et qui pourra être complétée en 2016 par une étude du conseil national du bruit sur les aspects économiques liés à la non-qualité des environnements sonores. FT