L'entrée en vigueur de la convention internationale sur les eaux de ballast est une excellente nouvelle pour Benoît Gillmann, fondateur et dirigeant de Bio-UV, une PME héraultaise spécialisée dans le traitement de l'eau par ultraviolet. « Nous attendons cette obligation de traitement des eaux de ballast depuis trois ans. Pour nous, c'est l'aboutissement de six ans de R&D et de 6 millions d'investissements », explique le dirigeant, dont l'entreprise réalise déjà 70 % de son chiffre d'affaires à l'export. Bio-UV a obtenu sa certification en 2013, un sésame qui lui permet de vendre ses modules de traitement dans le monde entier ou presque. « Les États-Unis, qui n'ont pas ratifié la convention, ont mis en place leur propre certification. Nous devrions l'obtenir en 2017, mais l'investissement est conséquent, de l'ordre de 1,5 million d'euros », évalue Benoît Gillmann.Une nécessité pour prendre une part du gâteau mondial de 15 milliards d'euros qui se profile d'ici cinq à dix ans. « Je serais très heureux si l’on arrive à prendre 2 % du marché d'ici à une dizaine d'années », anticipe-t-il déjà avec gourmandise. Et de dérouler un business plan ambitieux. « Aujourd'hui, le traitement des eaux de ballast représente 4 millions d'euros de notre chiffre d'affaires de 10,5 millions. Je prévois 7 millions en 2017, 15 millions en 2018 et 25 millions en 2019. Dans cinq ans, notre chiffre d'affaires global devrait atteindre 40 millions d'euros », projette-t-il avec assurance.Il faut dire que cet autodidacte, qui a tout fait, pêcher la morue à Terre-Neuve, vendu des assurances ou encore du matériel médical, est un entrepreneur-né. Il a d'abord l'intuition, en 2000, de créer Bio-UV, une PME spécialisée dans la désinfection par UV des eaux de piscines privées. En 2003, première diversification sur la déchloramination des piscines publiques avec un agrément du ministère de la Santé. Dès 2010, il travaille sur les eaux de ballast. Et vend depuis 2013 des systèmes de traitement aux armateurs qui ont anticipé la réglementation comme CMA-CGM. « De 30 à 2?000 m³/h, nos systèmes couvrent 70 % des besoins, du remorqueur au porte-conteneurs », remarque le chef d'entreprise. Sa stratégie a toujours été de développer de nouvelles applications des ultraviolets, et il flaire déjà les marchés qui vont exploser dans la prochaine décennie, comme celui de l'aquaculture. Pour cela, il a toujours beaucoup investi en hommes et en capital dans la conception, la fabrication, la vente et la distribution.« J'ai ouvert le capital à quatre fonds d'investissements qui détiennent 46 % du capital de l'entreprise. Et j'ai bénéficié, pour certains dossiers, de financements régionaux et européens et de la BPI. De quoi structurer nos équipes, et en particulier celle du bureau d'études interne qui compte huit personnes », explique-t-il. Il ne cache d'ailleurs pas qu'il est déjà dans l'étape d'après et envisage un prochain tour de table. « J'aimerais que Bio-UV soit dans le Top 5 mondial du traitement de l'eau par UV dans les cinq ans », annonce-t-il tranquillement. Mais diriger sa PME, c'est aussi travailler au développement local. Benoît Gillmann trouve le temps de présider Swelia, un réseau de 114 entreprises de l'eau de la région de Montpellier, et il est également administrateur du pôle Eau. DB