La sécheresse qui sévit en France depuis quelques mois relance le débat sur la gestion des ressources en eau. Notamment auprès des agriculteurs, les premiers à souffrir de la pénurie. Le gouvernement a annoncé un plan d'aide sur cinq ans, qui prévoit la création de retenues d'eau (la carotte) et la réduction des volumes d'eau prélevés par les exploitants agricoles (le bâton). Mais il faut aller plus loin, comme le soulignent les travaux de recherche de l'Inra et le dernier rapport de la FAO* intitulé « Changement climatique, eau et sécurité alimentaire ».
Tout notre modèle agricole est à repenser, car le choix des espèces et les techniques d'irrigation ne tiennent que très peu compte de l'impact du changement climatique, note la FAO. Il faudrait choisir les cultures en fonction de la disponibilité locale ou temporelle des ressources en eau. Par exemple, en sortant de la monoculture du maïs (grande consommatrice d'eau quand celle-ci est peu disponible, en été) pour du blé dur et du sorgho ou du tournesol, ou en choisissant des variétés et des espèces végétales en fonction de leur résistance au stress hydrique, ou encore en plantant des cultures à racines profondes.
L'Inra propose aussi de recourir à la sélection génomique ou aux organismes génétiquement modifiés - un autre sujet sensible. Les pratiques agricoles sont aussi évoquées : appliquer le principe du maintien de l'humidité des sols, réduire voire arrêter le labour. Mais il faudra pour cela accompagner les agriculteurs, car, comme le pointe la FAO, ce sont la taille de l'exploitation et l'accès à des financements qui vont permettre de réaliser cette révolution agricole.
À un moindre niveau, les industriels subissent aussi les conséquences de la sécheresse. La production hydroélectrique va baisser de 30 % cette année, selon le groupe de réflexion (Re)Sources**. Les centrales nucléaires, qui utilisent l'eau pour leur refroidissement, ne semblent pas menacées, mais vont devoir s'adapter pour éviter les rejets d'eau chaude. À plus long terme, (Re)Sources rappelle que de nombreuses techniques pourraient contribuer à la diminution des prélèvements d'eau, comme le recyclage ou le travail en circuit fermé. Du reste, ce sont tous les usagers qui vont devoir réduire leur consommation d'eau : un objectif de - 20 % d'ici à 2020 vient d'être fixé par la ministre de l'Écologie. Les moyens pour y parvenir seront intégrés dans le prochain Plan national d'adaptation au changement climatique.