« Les capteurs actuels ne sont pas assez sensibles par rapport à l'abaissement probable des valeurs-seuils fixées par les directives-cadres européennes », explique Haad Bessbousse, ingénieur de recherche au Laboratoire des solides irradiés (CEA, CNRS et École Polytechnique). D'où le projet Ecosistem (Eco-logically Sensitive Ionic Sensors from Track Etched Membrane), qui développe un procédé novateur de détection des métaux dans l'eau. Formé d'une membrane en polyfluorure de vinylidène (PVDF) percée d'un réseau de nanotubes créés grâce au passage d'ions lourds dans la matière, le matériau adsorbe et piège les ions de métaux lourds présents dans l'eau. Une fine couche d'or déposée de chaque côté de la membrane permet de constituer un capteur qui, associé à un système de mesure électrochimique, donne l'information sur l'ion piégé (potentiel redox et quantité) sans avoir à prélever un échantillon d'eau. Grâce à sa structure 3D, il est ainsi quatre fois plus sensible (de l'ordre de 0,1 µg/l) que la plupart des systèmes à électrodes sérigraphiés en 2D. « Et contrairement aux électrodes à mercure, certes très sensibles, le système ne contient aucune substance toxique », ajoute la chercheuse. Autre avantage, la possibilité de réaliser des mesures sur site en temps réel. Le procédé permet déjà de détecter huit métaux tels que le cuivre, le plomb, le cadmium ou le chrome. Haad Bessbousse a remporté en 2012 le concours national Oseo d'aide à la création d'entreprise de technologies innovantes dans la catégorie « Emergence ». Prochaine étape, trouver des partenaires industriels pour procéder à un transfert de technologies et envisager sa commercialisation.