A l'heure de la publication du huitième rapport sur la mise en œuvre de la Directive sur les eaux résiduaires urbaines (Deru), l'accès et l'échange de données sur l'assainissement devraient être facilités. Le projet SIIF ERU(Structured implementation and information framework) dont l'Office international de l'eau (OIEau) a été chargé en 2013, vise à proposer une plate-forme standard de visualisation des données de l'assainissement à l'échelle nationale à disposition des pays de l'Union européenne.Améliorer l'échange et la visualisation des données européennesEn effet, dès 2012, l'Europe qui souhaitait améliorer l'application des directives, lance le processus Refit. Dans le même temps, la directive Inspire, qui vise à améliorer l'échange de données dans le secteur de l'environnement au sein de l'UE se met en place. C'est dans ce cadre qu'est proposé le SIIF. La directive sur les eaux résiduaires urbaines a été choisie pour tester un dispositif car le processus de collecte était déjà mature et les données relativement formalisées. « Le constat est là : il existe un système de collecte des données automatisé mais le temps que les données soient validées techniquement et politiquement jusqu'au niveau européen et qu'un rapport synthétique soit disponible, il se passe près de quatre ans. Ce n'est pas satisfaisant pour prendre des décisions politiques ou accorder des subventions », détaille Benoît Fribourg-Blanc, chargé du projet à l'OIEau.L'outil vise donc à accéder plus rapidement aux données et à garantir l'interopérabilité entre les pays sans se substituer à une validation technique et politique. « Pour pouvoir générer des graphes ou des cartes, nous avons ensuite développé un outil de calcul. Cela a obligé à remettre à plat tous les calculs de conformité assez complexes et construire des arbres de décisions. Cet exercice de transparence est indispensable pour l'interopérabilité », explique Benoît Fribourg-Blanc.Tableaux, graphiques ou cartes générés automatiquementLa France est l'un des rares pays européens à disposer d'unsite internet permettant la visualisation des données utilisé tous les jours par les acteurs nationaux. Le projet SIIF s'en est inspiré mais propose d'autres fonctionnalités. L'outil basé sur l'open source permet de générer automatiquement des tableaux, des graphiques et des cartes mais aussi d'exporter des données pour d'autres usages ou de pré-générer des documents destinés au rapportage . Le pays a accès à une notice permettant de récupérer l'ensemble des logiciels et documents nécessaires pour installer la plate-forme. « Elle est à la fois générique et adaptable aux besoins du pays », ajoute Benoît Fribourg-Blanc. Testée sur sept pays, elle est désormais en cours de déploiement. Pour inciter à sa généralisation, l'Union européenne exempte les États membres qui disposent de la plate-forme de fournir le rapport national de mise en œuvre de la Deru qui doit être réalisé tous les deux ans. A long terme, l'outil pourrait être étendu aux données sur l'eau potable ou sur les eaux de baignade et ainsi répondre aux objectifs de Wise, le système d'information européen sur l'eau qui peine encore à fonctionner. Pauline Rey-Brahmi