Neuf ans après le diagnostic écologique réalisé sur le lac d’Annecy, les roselières ont meilleure mine. En 2007, le constat était sans appel : leur surface avait considérablement diminué durant le dernier siècle. Il en restait à peine 10 hectares. Un programme de reconquête a été lancé par le Syndicat mixte du lac d’Annecy (Sila). « Le montant total de l’opération était estimé à 2,8 millions d’euros. Il était nécessaire de décomposer le projet en deux phases pour vérifier si l’action était pertinente avant d’engager une seconde somme importante », détaille Pierre Bruyère, le président du Sila. Une première, d’un million d’euros, financée par l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, le conseil départemental et le Sila, a permis de produire, multiplier et réimplanter entre 2011 et 2015, scirpes, roseaux et nénuphars dans trois sites. Pour protéger les roselières de l’érosion des vagues et faciliter leur développement, 600 mètres de palissades en bois ont été construits. Les premières études montrent que les roselières recolonisent doucement le milieu et ont des effets positifs sur la biodiversité, en particulier pour la nidification des oiseaux et la vie aquatique. Quant aux palissades et fascines, elles ont contribué à diminuer la hauteur et la fréquence des vagues. À la demande du syndicat, la Compagnie nationale du Rhône (CNR) a mené une étude technique d’évaluation des premiers travaux avant que le Sila ne valide l’engagement de la seconde tranche, estimée à 1,5 million d’euros. « Il s’agissait de capitaliser autour de cette première phase car ce type de chantier est lourd les retours d’expérience sont peu nombreux. Cela a conduit à la définition des axes d’amélioration pour le nouveau cahier des charges et ainsi à l’optimisation des coûts », précise Damien Zanella, chef du service milieu naturel, lac et bassin versant au Sila. Trois nouveaux sites ont été choisis et les implantations se poursuivront aussi sur les sites existants. Les travaux pourraient débuter fin 2017. Seule ombre au tableau pour le syndicat, le travail sur le marnage n’a pas encore abouti. Depuis les années 1960, des vannes atténuent les variations de niveau du lac. Des variations pourtant bénéfiques pour le développement des roselières en limitant notamment l’accumulation de matières organiques. Une étude socio-économique a été lancée en 2013 pour réfléchir à différents scénarios possibles de marnage. Les usagers ont été consultés dans le cadre de la commission lac et prospective. « Le projet est toujours en réflexion, il subsiste des points de blocage », regrette Pierre Bruyère. Pauline Rey-Brahmi