On connaissait les pionnières Familles à énergie positive, celles relevant le pari du zéro déchet. Voilà celles qui, sur ce même principe, s’engagent à rejeter moins de micropolluants dans l’eau ! « Nous aurons recruté cet été la vingtaine de familles volontaires prêtes à relever durant plusieurs mois ce défi », annonce Sarah-Jane Krieger. Cette jeune sociologue, post-doctorante au Lyre, le centre de R&D de Suez Eau à Bordeaux, aime dans sa discipline se confronter au terrain. Pas dans n’importe quel cadre : cette expérimentation s’insère dans le projet de recherche Regard (réduction et gestion des micropolluants sur la métropole bordelaise).Financé par l’Agence française de la biodiversité et l’agence de l’eau Adour-Garonne, porté par Bordeaux Métropole et coordonné par le Lyre, qui en assure l’animation scientifique, ce programme vise à mieux appréhender les sources, notamment domestiques, à l’origine de ces substances chimiques qu’on retrouve dans le réseau d’assainissement et le milieu naturel. Parabènes des gels douche, triclosan des dentifrices, résidus médicamenteux… « Les citoyens sont partie prenante. Ils utilisent au quotidien ces produits contenant des micropolluants et sont porteurs d’une partie de la solution dès lors qu’ils adoptent des écogestes. Sans tomber dans le discours anxiogène, il s’agit d’entrer en contact avec eux, pour les informer, les sensibiliser, d’identifier des leviers d’action et de trouver ensemble des solutions », éclaire Julia Barrault, responsable du pôle acteurs et usages au Lyre.À Bordeaux, un questionnaire a été diffusé et un Living Lab déjà mené, auquel une centaine d’habitants ont participé. Cet outil de recherche participative leur a permis d’interagir avec cette même équipe à l’initiative du défi Eau Familles. « Ce défi pose des contraintes techniques. Pour les prélèvements et analyses, il a fallu vérifier la compatibilité du raccordement des foyers volontaires au réseau d’assainissement », précise Sarah-Jane Krieger. La déclaration des pratiques des familles, le suivi de leurs usages des produits se feront via une application sur tablette développée par Cap Sciences, le centre de culture scientifique de la Région Aquitaine. Passer d’un classique exercice de médiation scientifique à un tel dispositif pédagogique et ludique, impliquant des habitants, sociologues, chimistes et d’autres experts, est une première.Morgan Boëdec