Dans l’après-midi du 4 novembre, les sénateurs ont auditionné Jean-Pierre Clamadieu, président d’Engie, sur le déroulement des événements qui ont conduit à la cession de ses parts de 29,9% dans Suez, à l’attention du groupe Veolia. Plusieurs facettes du processus les interrogent : « Pourquoi ne pas avoir pris davantage de temps ? Pourquoi ne pas avoir attendu un accord amiable entre les groupes ? Quel rôle l’État a-t-il joué au cours de ce processus ? Pourquoi avoir outrepassé son vote ? », a enchaîné la présidente de la Commission des affaires économiques, Sophie Primas. Les élus ont aussi relayé l’hypothèse d’un « quasi-accord » entre Jean-Pierre Clamadieu et son homologue de Veolia, Antoine Frérot, en juin – donc avant l’annonce d’Engie le 31 juillet de son intention de vendre certains de ses actifs.
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Désaccords avec l’État
Concernant la prise en compte du vote de l’État, défavorable à cette cession, Jean-Pierre Clamadieu s’appuie sur « la règle du droit des sociétés. Que diraient les autres actionnaires si on leur disait que l’État fait la loi ? ». Il assure cependant avoir travaillé « en très bonne intelligence avec l’État. Bruno Le Maire a dit à peu près la même chose que moi, "il faut une seconde offre", il appelé au dialogue mais n’a pas été plus entendu que moi. On a simplement eu à la fin du processus une divergence d’appréciations. » Il esquinte la proposition du fonds Ardian, qui selon lui n’a pas fait de véritable offre : « Ardian ne s’est pas mis au travail immédiatement. Le management de Suez n’a pas réagi assez vite. Ils ne se sont pas mis au travail le 1er août pour construire une offre. En 2 mois on peut faire une offre. »
Sur le calendrier jugé « très serré » par les sénateurs, Jean-Pierre Clamadieu se défend : « C’est le calendrier de Veolia. J’ai réussi à avoir une petite semaine supplémentaire. Bruno Le Maire a dû passer des coups de fil. […] Engie a pris la décision de prendre cette offre tant qu’elle est disponible. » Pour lui, il était « impossible » que les deux camps tombent d’accord en un temps si court. Il précise avoir pris l’initiative, entre le 30 septembre et le 5 octobre, « de réunir Antoine Frérot et Philippe Varin. Il y a eu des échanges intenses pendant 3-4 jours : j’ai eu le sentiment qu’il y avait une vraie dynamique de négociations, on aurait pu aboutir à un accord, mais pour diverses raisons ça ne s’est pas concrétisé. »
Cette question pourra encore être abordée le 10 novembre, lorsque les sénateurs auditionneront Antoine Frérot.