Une stratégie « qui ne permettra d’atteindre la neutralité carbone »... Tel est le verdict des 33 investisseurs qui ont adressé à Total, le jeudi 20 mai, une déclaration concernant sa stratégie climat. Initiée par les trois investisseurs Meeschaert, PME et Asset Management, en charge de mener l’engagement actionnarial, cette déclaration a notamment annoncé l’opposition de la coalition contre la résolution 14 portant sur le plan de Total et l’appellent à revoir ses investissements dans de nouveaux projets pétroliers et gaziers, à l’aune des recommandations tirées du scénario Net zéro de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
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Une situation qui fragilise la confiance des actionnaires. Ces derniers souhaitent que Total accélère la mise en place de mesures permettant une « baisse significative en valeur absolue de ses émissions de scope 3 d’ici 2030 ». Ils revendiquent au groupe de communiquer en valeur absolue ses objectifs de réduction des émissions et à les consulter systématiquement sur sa stratégie climat. « Les investisseurs sont conscients que pour atténuer l’exposition de leurs investissements au risque climatique et garantir des rendements durables à leurs bénéficiaires, ils doivent agir pour contribuer à accélérer la transition vers une économie zéro carbone d’ici 2050 ou plus tôt », a déclaré Aurélie Baudhuin, directeur de la recherche ISR de Meeschaert AM, dans un communiqué.
« Total essuie camouflet après camouflet. Sa tentative de dissimuler ses velléités d’expansion dans les énergies fossiles derrière une communication bien rodée a échouée. Les investisseurs ne sont pas dupes et cette déclaration après le désaveu de sa stratégie "climat" par un des chefs de file du CA100+ et d’autres investisseurs montre que l’étau se resserre », a commenté Lucie Pinson, fondatrice et directrice générale de Reclaim Finance.
Un scénario Net Zéro à l’horizon 2050
Par ailleurs, dans un rapport publié le 18 mai, l’AIE envisage un scénario dans lequel la consommation mondiale d’énergie serait plus faible de 8 % en 2050 par rapport à aujourd’hui. Pour atteindre ce scénario idéal, l’Agence a imaginé un plan énergétique reposant aux deux tiers sur les énergies renouvelables, avec une augmentation de la part du nucléaire ( plus de 11 %), contre la baisse des énergies fossiles qui représentent aujourd’hui près de 80 % du système énergétique mondial.
Qu’en-est-il du pétrole, sujet sensible à Total ? L’AIE indique que les nouveaux champs pétroliers et gaziers ne seraient pas autorisés, hormis les projets déjà engagés en 2021. Cela engendrerait une chute de la consommation de pétrole à hauteur de 75 % entre 2020 et 2050, passant ainsi de 90 millions de barils par jour à 24 millions. La consommation de charbon baisserait de 90 % et de 55 % pour le gaz naturel.