Turbine marémotrice développée par Orbital Marine Power et installée dans les îles Orcades, au nord de l’Écosse. Crédit : Orbital Marine Power
En 2021, 249,2 MW projets utilisant les énergies marines ont été en activité au sein de l’Union européenne. La France et l’Espagne comptent parmi les principaux pays membres ayant des installations en activité.
L’énergie marémotrice, l’énergie des vagues, des courants marins, ou l’énergie osmotique, les énergies marines représentent un potentiel de diversification important des mix électriques. Encore peu développées à l’échelle industrielle, les installations de ces énergies se frayent progressivement un chemin au sein de l’Union européenne. Selon le rapport d’EurObserv’Er, ces énergies comptent en 2021, 249,2 MW de puissance en exploitation produisant 502,8 GWh.
Grâce à la diversité de ses bassins maritimes (mer Baltique, mer du Nord, l’océan Atlantique, la mer Méditerranée), l’Union européenne se trouve dans une position privilégiée pour développer les énergies renouvelables en mer. Outre l’éolien offshore, en plein essor, d’autres technologies utilisant les flux énergétiques marins sont susceptibles de contribuer à la diversification du bouquet énergétique des pays membres. Ces énergies marines rassemblent notamment cinq types de flux énergétiques marins : l’énergie marémotrice (des marées) ; l’énergie hydrolienne (des courants marins), l’énergie houlomotrice (des vagues), l’énergie thermique des mers qui exploite la différence de température entre le fond et la surface des océans ; et l’énergie osmotique qui exploite la différence de salinité entre l’eau douce et l’eau de mer.
Ces technologies spécifiques ne sont pas toutes au même niveau de développement. Les deux filières les plus avancées et actives sur le plan industriel sont celle utilisant l’énergie des courants marins et celle utilisant l’énergie des vagues. D’après le baromètre, « la filière hydrolienne, utilisant l’énergie des courants marins, dispose d’un petit temps d’avance avec le déclenchement des premiers projets commerciaux associés à des contrats d’achat de l’électricité. Elle se situe dans une phase de retour d’expériences de prototypes à l’échelle 1, c’est-à-dire des turbines de tailles « commerciales » de la classe du mégawatt. La filière houlomotrice suit de près et teste également des prototypes de plusieurs centaines de kilowatts adaptés aux différentes conditions de houle des côtes européennes. »
La filière houlomotrice plus active en 2022
Selon le rapport d’Ocean Energy Europe, publié en mars 2022, l’Europe cumule depuis 2010, une puissance de 30,2 MW de projets hydroliens utilisant les courants marins, dont 11,5 MW sont actuellement immergés dans les eaux européennes (Union européenne, Royaume-Uni et Norvège). L’association estime qu’en 2021, une puissance cumulée de 12,7 MW de projets houlomoteurs ont été testés en Europe depuis 2010, la puissance des projets actuellement testée dans les eaux européennes étant de 1,4 MW fin 2021. Si la filière houlomotrice a été particulièrement active en 2021 avec 681 kW de nouveaux projets, (pour un total de 641, 4 kW), celle-ci devrait être plus active en 2022. « Selon les prévisions d’Ocean Energy Europe, jusqu’à 2,8 MW de capacité d’énergie houlomotrice déployés, dont au moins quatre machines de taille commerciale fabriquées par CorPower Ocean, Eni SpA, Bombora et Wavepiston. Ces déploiements auront lieu au RoyaumeUni, en Espagne et au Portugal », peut-on lire dans le rapport.
Les trois autres énergies poursuivent leur développement. Côté énergie osmotique, on peut notamment mettre en lumière le système conçu par Sweetch Energy, « Inod® technology » en partenariat avec la CNR, qui repose sur une nouvelle génération de membranes nanométriques spécialement conçues pour capter l’énergie osmotique dans le delta du Rhône. Côté énergie thermique des mers, peu de projets sont en cours à l’exception du fournisseur de gaz Enagas qui dispose sur son site en Espagne d’une centrale de 4,5 MW « qui utilise la différence de température entre l’eau de mer (qui sert de point chaud) et le gaz naturel liquéfié (qui sert de point froid) pour générer de l’électricité », rapporte EurObserv’Er.
France et Espagne mènent la barque
Selon les données du rapport, l’Union européenne comptait 21 installations en activité en 2021 dont de nombreux prototypes, avec une puissance qui s’élève à 249,2 MW. Les deux principaux pays sont la France avec trois installations pour 241,12 MW, et l’Espagne avec quatre sites pour une capacité totale de 5,60 MW. Ces derniers sont également les seuls États membres à assurer « un suivi de la puissance nette et de la production brute d’électricité des énergies marines ».
En France, d’après les données fournies par le SDES (Service des données et études statistiques) des ministères chargés de l’environnement, de l’énergie, de la construction, du logement et des transports, seule la puissance et la production d’électricité de l’usine marémotrice de La Rance sont recensées. En 2021, la puissance s’établissait à 211,4 MW, dont 240 MW correspondant au site marémoteur de La Rance, pour une production de 483,8 GWh. « L’usine marémotrice de La Rance est équipée d’une station de pompage qui ajoute 66 GWh à ce total en 2021 (65 GWh en 2020) », précise le rapport.
En Espagne, le ministère de la transition écologique ne comptabilise que la puissance et la production de la centrale océanothermique d’Enagas et la puissance de la centrale à vagues de Mitriku de 296 kW, « soit fin 2021 une puissance totale de 4,8 MW et une production de 19 GWh ».
Couvrir la consommation électrique de 94 millions de ménages
Compte tenu de ses façades maritimes, « 100 GW de capacités utilisant l’énergie des vagues et des courants marins pourraient être déployés en Europe d’ici 2050, répondant à 10 % des besoins actuels de l’Europe en électricité », estime Ocean Energy Europe. Les énergies marines permettrait de couvrir la demande en électricité « de 94 millions de ménages européens, soit rien de moins que l’équivalent de la contribution actuelle de l’hydroélectricité », souligne EurObserv’Er.
Outre la diversification du mix énergétique, l’essor de ces filières énergétiques marines contribuerait à la création d’une nouvelle filière industrielle fortement ancrée en Europe et « 400 000 emplois qualifiés tout au long de la chaîne d’approvisionnement ».