Curieusement, le projet d'autoroute du Marais poitevin, enterré par le Grenelle, ressort des cartons du ministère de l'Écologie. L'A831 doit relier Fontenay-le-Comte (85) à Rochefort (17) : un ruban de bitume de 64 km traversant deux zones Natura 2000. Pas vraiment utile, car une route flambant neuve a été mise en service début 2011 pour contourner Marans (17). Mais aucun panneau ne la signale ! Pourquoi ? « De peur de faire ombrage au projet d'A831 », répond le président du conseil général de Vendée. L'accord de financement, signé avec les départements de Vendée et de Charente-Maritime, prévoit une subvention de 275 millions d'euros, partagés entre l'État et les collectivités locales. Mais alors que la Région Poitou-Charentes, sur laquelle passe la grande majorité de l'A831, a toujours refusé son financement, les Pays de la Loire devraient participer... C'est dire si le dossier est explosif. Politiquement d'abord, l'accord électoral PS-Europe Écologie Les Verts, passé en 2010 en Pays de la Loire pour les régionales, n'autorise pas le financement des nouveaux projets routiers. Et l'A831 est tout de même citée parmi les mauvais exemples du Schéma national des infrastructures de transport (Snit) et du manifeste de la LPO pour l'élection présidentielle. Juridiquement ensuite, associations et élus opposés au projet attendant de pied ferme les études d'impact. Mais c'est surtout financièrement que le bât blesse : la facture s'élève à 890 millions d'euros, soit près de 14 millions le kilomètre ! Or, « les finances de la Charente-Maritime sont au plus bas. Depuis dix-huit ans que le projet existe, pourquoi les collectivités territoriales n'ont-elles rien provisionner ? Peut-être doutaient-elles de son bien-fondé et de son rapport qualité-prix ? » s'interroge Bernard Ferrier, maire de Marans.