L'étalement urbain est tenace. En réponse, le transport à la demande (TAD) étend ses tentacules partout en France. Au départ destiné aux personnes âgées en milieu rural, le concept s'ouvre à un public plus large, aux zones urbaines et s'intègre dans une chaîne plus complète de mobilité. Il est aussi souvent mis à contribution pour le transport des personnes à mobilité réduite. Des villes comme Saint-Brieuc (22), Poitiers (86) ou La Rochelle (17) ont ouvert la marche, il y a une trentaine d'années. « Nous avons créé Taxitub en 1991 pour offrir des transports collectifs là où une ligne régulière ne se justifiait pas. Le réseau compte aujourd'hui une soixantaine de lignes virtuelles, desservies par 23 compagnies de taxis conventionnées », explique Dominique Le Meur, vice-président de Saint-Brieuc Agglomération chargé des transports.
Il existe deux grands types de TAD : la ligne virtuelle et la desserte zonale. « Les deux peuvent remplacer, totalement ou partiellement, des lignes régulières peu fréquentées. Le mélange des deux systèmes est également très répandu. Le TAD virtuel convient en milieu urbain et périurbain dense, lorsque la demande est faible mais géographiquement concentrée. Le système zonal est plus souple : points d'arrêt et horaires ne sont pas prédéterminés. Il est adapté à une demande faible et éparse », décrypte Anne Bellamy, responsable « autorités organisatrices » du réseau Agir-Transport.
Le TAD est une solution peu onéreuse, mais le coût par personne transportée reste élevé. Le service doit donc être bien dimensionné et son coût maîtrisé. Pour le Certu, cela passe par « une définition précise des caractéristiques et des règles de fonctionnement du service et des besoins de la collectivité ». Cette étude préalable, éventuellement confiée à un bureau d'études spécialisé, envisagera également les modalités d'exploitation, de suivi et de contrôle du service. « L'autorité organisatrice choisit, en général, le même délégataire que pour ses lignes classiques, mais peut aussi développer le TAD en régie, par exemple si elle dispose déjà d'une centrale de réservation. La régie permet de faire évoluer le service plus rapidement, mais cela peut aussi se prévoir dans une DSP », remarque Anne Bellamy. L'idéal est d'expérimenter le service pendant plusieurs mois, comme l'a fait la communauté d'agglomération de Saint-Omer (62). « Il faut une communication propre au TAD : journées d'animation, accompagnement pour les premières réservations... », note Agnès Winder, référente TAD France chez Veolia-Transdev. « Et ne pas négliger le choix de l'outil ou du service de réservation », ajoute Olivier Vitkine, son collègue de la direction développement. Côté financement enfin, ce sont les départements qu'il faut solliciter. Le conseil général de l'Allier, par exemple, propose aux communes rurales de prendre à sa charge 80 % des déficits d'exploitation les deux premières années.