A priori, le service est identique : optimiser l'utilisation des voitures. Mais la cible est bien différente. BlaBlaCar est connue pour le covoiturage sur les longues distances, en moyenne 300 kilomètres, pendant les vacances et les week-ends. La célèbre plateforme en ligne s'attaque désormais au covoiturage sur de courtes distances, inférieures à 80 kilomètres, pour les trajets du quotidien comme les déplacements domicile-travail. Pour y parvenir, elle a lancé le 2 mai une nouvelle application mobile : BlaBlaLines.Pour l'instant, ce n'est qu'un projet pilote. Frédéric Mazzella, président de BlaBlaCar, le reconnaît lui-même : « Il faut y aller progressivement ». L'application va être testée sur deux axes de déplacements : entre Toulouse et Montauban d'une part, entre Reims et Châlons en Champagne d'autre part. Ces deux axes ont le profil idéal pour évaluer l'appétence des usagers. D'une cinquantaine de kilomètres chacun, ils sont très fréquentés pour des allers-retours domicile-travail. « Il y a 6000 'navetteurs' quotidiens entre Reims et Châlons, et 10000 entre Toulouse et Montauban », chiffre Frédéric Mazzella.L'application n'est pas encore totalement finalisée et elle n'est disponible que sur les téléphones Androïd. Mais ces premiers essais offriront à BlaBlaCar de précieux retours de terrain. Ils lui permettront d'ajuster son offre. Afin de définir des règles de conduite, par exemple. Que doit faire un conducteur en cas de retard d'un passager ? La question est moins sensible pour le covoiturage sur de longues distances. Quand vous partez pour un voyage de plusieurs centaines de kilomètres, vous consentez assez facilement à attendre une dizaine de minutes. Pas au quotidien quand vous vous rendez au travail.D'ici à la fin 2017, BlaBlaCar prévoit d'étendre son service à d'autres axes de déplacement – probablement une dizaine – puis sur la France entière en 2018. D'ici là, l'appli aura été développée sous iOs. Elle devrait aussi s'étoffer de nouvelles fonctionnalités, comme la géolocalisation et la possibilité de payer avec son téléphone. Pour les deux premiers axes desservis, le prix pour le passager sera de cinq euros et BlaBlaCar ne prendra aucune commission. « Nous avons choisi un prix rond et payable en petite monnaie pour faciliter les opérations. La priorité est de développer le service. Nous verrons ensuite comment le monétiser en fonction des premiers retours d'expériences », détaille Frédéric Mazzella.BlaBlaCar avance prudemment, et pour cause : le covoiturage sur les courtes distances est une activité très concurrentielle (voir notre article à ce sujet). Pour s'imposer, BlaBlaCar a imaginé le concept de « ligne de covoiturage ». D'où le nom « BlaBlaLines ». Le principe ? Quand un conducteur s'inscrit, il indique le trajet qu'il réalise au quotidien, typiquement entre son domicile et son travail. Il précise son point de départ, son point d'arrivée et l'itinéraire suivi entre les deux. Cet itinéraire constitue une « ligne » de déplacement. Quand suffisamment de conducteurs auront indiqué la même portion de route, elle sera « activée », c'est-à-dire proposée aux passagers. C'est un moyen de leur garantir qu'il y aura suffisamment de trafic pour leur voyage aller et leur voyage retour, pas forcément dans la même voiture.En complément, les équipes de BlaBlaCar auront identifié des « points de rencontres » où se retrouveront conducteurs et passagers. Ces points seront situés sur l'itinéraire du conducteur pour qu'il n'ait pas de grand détour à faire. Et à proximité d'arrêts de transports publics pour que les passagers puissent les atteindre facilement.Ensuite, quand un passager fera une demande de déplacement, BlaBlaLines la transmettra aux conducteurs concernés. Dès que l'un d'entre eux acceptera, la mise en relation et le rendez-vous seront gérés automatiquement par l'appli. A terme, le réseau de lignes de covoiturage se développerra ainsi en fonction de l'offre et de la demande. En priviligégiant des axes fréquentés, BlaBlaCar met en avant la souplesse de son outil. Et sa facilité d'usage avec une mise en relation automatisée, des itinéraires et horaires pré-enregistrés. Il n'y a plus qu'à vérifier sur le terrain comment les usagers s'en empareront.Thomas Blosseville