"Dé-SUViser" le marché électrique permettra de réduire la demande en métaux critiques de 17% en 2035 par rapport à un scénario de laisser-aller, selon le rapport. / Crédits : Pxhere
En matière de voiture électrique, la taille compte. Les SUV électriques consomment trop de métaux critiques et risquent de faire capoter la transition en provoquant des pénuries, alerte le WWF. L’ONG appelle à instaurer un malus poids, à réserver le bonus écologique aux véhicules de moins de 1,6 tonne et à réduire notre dépendance à la voiture.
Les SUV électriques font disjoncter la transition du parc automobile vers l’électrique, alerte le WWF dans son dernier rapport. Ces imposants véhicules tout-terrain, qui représentent 41 % des ventes de voitures électriques en France, risquent de provoquer des pénuries en métaux critiques si leur part continue à croître dans le parc automobile, même en considérant les objectifs annoncés de recyclage de ces métaux.
Un gros SUV consomme « 3 fois plus de cuivre et d’aluminium et 5 fois plus de lithium, nickel et cobalt qu’une petite citadine électrique », explique Jean Burkard, directeur du plaidoyer chez WWF France. Problème : les métaux critiques sont indispensables à la transition énergétique, et leur demande est amenée à exploser. Celle-ci pourrait être multipliée par 30 en à peine 20 ans, selon l’Agence internationale de l’énergie, qui s’inquiète de l’insuffisance de la production pour répondre à cette demande.
Se passer de l’électrique pour les voitures ? Pas question, assure l’ONG. « La voiture électrique est indispensable à la lutte contre le réchauffement climatique. En France, elle émet en moyenne 3 fois moins de CO2 que son équivalent thermique sur l’ensemble de son cycle de vie », détaille le directeur du plaidoyer. « Le problème, c’est la taille », a-t-il ajouté.
Promouvoir les petits véhicules et réduire la dépendance à la voiture
Pour inverser la tendance, le WWF propose plusieurs mesures. L’ONG plaide d’abord pour l’instauration d’un « malus poids » et appelle à réserver le bonus écologique aux voitures électriques pesant « moins de 1,6 tonne ». Elle souhaite la création d’une pénalité de « 5 euros par kilo » pour les constructeurs automobiles dès que ce seuil est dépassé. L’ONG appelle néanmoins à assouplir les règles pour les familles nombreuses, qui ont besoin de véhicules plus spacieux.
Enfin, l’ONG encourage parallèlement les pouvoirs publics à réduire notre dépendance à la voiture, en développant le ferroviaire, le covoiturage ou le vélo. « Les résultats sont sans appel : si le gouvernement parvient à faire reculer les ventes de SUV et à investir dans les mobilités partagées et actives, il pourra parvenir à réduire de ... 40 % la demande en batteries électriques en 2035 », atteste le WWF.