Si les travaux d'élargissement de la départementale 123 entre Dannevoux et Vilosnes, dans la Meuse, ont bien pris en compte leur impact sur la biodiversité, l'association de protection de la faune régionale, Neomys, regrette une concertation tardive. « Je n'ai été informé du projet que parce que mes parents étaient propriétaires d'une parcelle figurant sur le tracé ! Aucune étude d'impact n'avait été prévue en amont », témoigne Matthieu Gaillard, chef de projet responsable des études d'impact sur la faune de l'association. Or, la route se situe à proximité d'anciens sites militaires de la Première Guerre mondiale, qui abritent aujourd'hui une colonie de grands rhinolophes, une variété de chauve-souris vulnérable et protégée.
Mandatée en juillet 2007 pour réaliser une étude sur le sujet, Neomys a mis en évidence un risque accru de collision des mammifères avec les voitures si l'arche végétale qu'ils utilisent en surplomb de la route était détruite. Maître d'ouvrage de ce chantier d'un montant de 1,5 million d'euros, le conseil général de la Meuse a donc choisi de préserver cette arche de 80 m pour respecter les plans de vol des chauves-souris.
Maître d'oeuvre du chantier, l'antenne Centre Meuse de Colas Est, basée à Void, a scindé les travaux en deux phases. En automne 2007, 800 arbres ont été arrachés, puis débités en copeaux pour servir de combustible à une chaufferie voisine. Engagée en février dernier, la construction de la route a également donné lieu à de multiples précautions. Colas Est a recyclé 6 000 des quelque 20 000 m3 extraits en remblais d'accotement. En certains points du chantier, l'usage d'une raboteuse a permis un terrassement à la cote prévue en économisant le matériau. Un crapauduc complète l'ouvrage sur 150 m. « Définies en amont, les particularités environnementales n'ont pas été vécues comme des contraintes. Elles ont au contraire permis de contourner certaines difficultés, comme celle du stockage des produits de terrassement en décharge. Achevé dans les délais et sans surcoût, ce chantier constitue pour nous une référence que nous comptons bien dupliquer », souligne Louis Doyen, chef de l'agence Centre Meuse de Colas Est.
« Nous avons préconisé la création d'un crapauduc, car nous savions que de nombreux batraciens traversent la chaussée au printemps. Mais il aurait fallu une étude sur deux à trois saisons pour s'assurer que l'ouvrage est bien placé et dimensionné », souligne Matthieu Gaillard. « Pour progresser dans notre connaissance de la faune et de la flore - qui ne fait guère partie de notre culture routière, nous multiplions nos contacts avec des associations spécialisées ayant une bonne connaissance du terrain », précise Alain Berton, ingénieur du service entretien des routes du conseil général de la Meuse et référent développement durable de la direction des routes.