Les entreprises ont des choses plus précieuses que de l'argent à offrir aux ONG : les compétences de leurs salariés. D'où l'intérêt du mécénat de compétences, qui consiste à les mettre à disposition. Et ce, pendant leur temps de travail. Dans l'environnement, cela concerne surtout les grandes entreprises, qui créent des partenariats avec les principales ONG du secteur.
« Le mécénat de compétences peut prendre la forme d'une prestation de service ou d'un prêt de main-d'oeuvre », précise Marianne Eshet, déléguée générale d'Admical, association destinée à promouvoir le mécénat d'entreprise. Dans le premier cas, le plus courant, le personnel demeure sous la direction du mécène, contrairement au prêt de main-d'oeuvre où c'est l'association qui dirige. Mais, dans tous les cas, l'entreprise conserve le lien de subordination sur ses salariés, ainsi que sa responsabilité civile et pénale.
Le mécénat de compétences demande une vraie volonté d'engagement sur le long terme. La décision vient généralement de la direction de l'entreprise, mais il est important d'associer très vite les salariés, par exemple lors de la sélection des projets à soutenir. Certains grands groupes, comme Veolia ou Altran, organisent ce mécénat via leur fondation d'entreprise. Ainsi, la Fondation Veolia soutient près de 350 projets par an, chacun porté par un salarié du groupe qui sert de parrain. La Fondation Altran, de son côté, organise un prix annuel, dont le lauréat reçoit 16 000 euros et un an de mécénat de compétences, pour un montant maximal d'un million d'euros. « Nous définissons en commun avec le lauréat l'objectif d'accompagnement et le plan d'action pour l'atteindre, indique Christian Le Liepvre, directeur de la Fondation Altran. Il reste le chef de son projet et nous devons faire attention à ne pas faire les choses à sa place. » Par ailleurs, il faut déterminer précisément les limites du mécénat. « Notre but est d'aider l'association à passer une étape, pas de l'accompagner sur le long terme », indique Catherine Delhaye, vice-présidente éthique des affaires et développement durable d'Accenture France.
Les projets soutenus doivent bien sûr être en cohérence avec les valeurs de l'entreprise, mais aussi avec ses compétences. « Il faut se demander quelles sont les compétences techniques ou organisationnelles que je peux mettre en avant », explique Catherine Delhaye. Ainsi, son entreprise spécialisée dans le conseil et l'informatique a conçu le site Internet de l'association GoodPlanet.
En interne, il n'est pas toujours facile de réorganiser un service lorsqu'un salarié part en mission pour une ONG. C'est pourquoi le mécénat de compétences est plus facilement développé dans les sociétés de conseil, comme Accenture ou Altran, qui ont l'habitude de fonctionner par missions. « Nous travaillons par projets, avec le même niveau d'exigence que pour un client, précise Catherine Delhaye. Ce n'est pas parce que c'est du mécénat que l'on doit appliquer des standards moins élevés que dans la profession. »