Quelle confiance accorder aux politiques ? À quelques semaines des élections présidentielles et législatives, la question prend une acuité toute particulière. Dans un sondage réalisé à l'occasion de la Journée du livre politique*, les Français interrogés reprochaient en particulier aux responsables politiques de privilégier la défense d'intérêts privés à l'intérêt général. Et cette suspicion trouve malheureusement bien souvent matière à s'alimenter. Ainsi le décret Grenelle sur l'affichage publicitaire est un modèle du genre (lire page 12). Le texte, publié après trois ans de consultation, fait l'unanimité des associations de protection de l'environnement contre lui. Elles accusent carrément le lobby des afficheurs d'avoir réécrit le texte à sa convenance et évaluent leur bénéfice à 30 % de chiffre d'affaires supplémentaires ! Un comble pour une loi censée réduire les impacts environnementaux de l'affichage.
Autre exemple, celui du décret sur la responsabilité sociale des entreprises. Les pressions exercées avaient suscité, en octobre 2011, une violente réaction du député UMP, Bertrand Pancher, qui demandait alors publiquement aux organisations patronales « de cesser un lobbying obscur et d'un autre âge ». Depuis le parlementaire n'a pas lâché l'affaire. Très récemment, au nom de l'association Décider ensemble, il a publié « Dix propositions pour moderniser notre démocratie », parmi lesquelles figure notamment l'encadrement du lobbying. L'élu propose de mettre en place une meilleure traçabilité des amendements parlementaires. Avec une idée toute simple : rendre publique l'identité des visiteurs reçus par les députés et les sénateurs. Sur le modèle de celle qui existe depuis 2009 à l'Assemblée nationale, chaque assemblée se doterait d'une « liste des représentants d'intérêts », complète et actualisée. Dans la même logique, les organismes ayant participé à la rédaction des amendements déposés seraient systématiquement mentionnés dans les exposés des motifs.
Enfin, Bertrand Pancher vient de remettre au président de la République un rapport sur la démocratie écologique. Il y suggère la création d'une Agence française de l'information environnementale et de la participation citoyenne. Chiche !