François Desrues, vice-président d'Eco Quartier Strasbourg et chef de projet en renouvellement urbain à la communauté urbaine de Strasbourg
Pragmatique Cela fait trois ans que je vis en habitat participatif. Sur les 11 logements, 70 % des familles ont collaboré au projet dès la phase de programmation. Nous avons des espaces partagés que nous entretenons à tour de rôle, comme une salle des fêtes, une chambre d'amis, un atelier de bricolage et un jardin.
Cela stimule la convivialité et la solidarité entre voisins, mais n'évite pas les conflits. Nous avons même eu recours aux services d'un médiateur de conflits pour apprendre à mieux gérer les accrochages inévitables, sur les coûts, l'entretien et l'aménagement des parties communes. l
Céline Viallon, coprésidente de l'Eco-habitat groupé Optimiste Je vis en habitat participatif depuis trente-deux ans. Le projet rassemble 13 logements avec la règle que les enfants, 18 à l'origine, devaient obéir à tous les adultes. On se réunit à la demande pour débattre de la vie quotidienne, mais toutes les décisions sont prises par consensus.
Nous partageons une salle des fêtes, une salle pour les enfants et des ateliers mécanique, bois et photo, qui fonctionnent tant qu'il y a des animateurs.
Globalement, il y a plus de bons côtés que de mauvais. l
Audrey Linkenheld, conseillère municipale déléguée au logement à la mairie de Lille et députée du Nord
Bosseuse Je ne vis pas moi-même en habitat participatif, mais je porte ces projets en tant qu'élue. Dans son premier appel à projets, la mairie de Lille a veillé à une bonne mixité, logement social et privé, locatif et copropriété, et intergénérationnelle.
Nous sommes persuadés que la démarche contribue au mieux vivre ensemble et apporte un supplément d'âme. Mais pour que cela marche, il faut un gros investissement de la collectivité en termes d'accompagnement. Il faut trouver les terrains, animer les réunions publiques, mettre en relation les habitants, fournir une assistance à maîtrise d'ouvrage… La future loi Duflot devrait faciliter le lancement d'un second appel à projets d'ici à la fin de l'année. l
Marie-Odile Novelli vice-présidente du conseil régional de Rhône-Alpes, déléguée au logement, à la politique de la ville et aux solidarités
Vigilante Je n'habite pas en habitat participatif, mais dans un quartier où il existe. Et il faut reconnaître que ces militants ont changé la vie du quartier par leur implication dans la vie locale. Les difficultés de ces projets, c'est d'abord la question foncière, majeure en milieu urbain, et le temps nécessaire à la concrétisation des projets. Sinon, il faut veiller à conserver l'esprit d'origine au fur et à mesure des départs.
En copropriété, la cooptation du nouveau par les anciens existe bien. Sur le locatif, le bailleur social joue le jeu aussi, car il faut bien que le nouveau venu accepte l'entretien des parties communes. l
Alain Bornarel, cogérant du bureau d'études Tribu
Nostalgique Je vis depuis vingt-sept ans en habitat participatif, à Montreuil. À l'époque, l'aspect écologique n'existait pas, ce qui primait c'était le coût. Il était alors très en dessous du prix du marché parce que le foncier était accessible et qu'on portait le projet avec seulement un architecte. Les grandes joies de cette aventure, c'est d'abord la phase de préparation de l'opération, très enrichissante. Et puis de vivre comme une famille élargie à l'africaine, au grand bonheur des enfants. La difficulté viendra peut-être avec l'arrivée d'une nouvelle génération de copropriétaires, qui n'auront pas participé au démarrage de l'aventure. l