Ce n'est pas tous les jours qu'un Département décide de prendre la filière apicole sous son aile. Les Alpes-Maritimes l'ont fait en lançant ce printemps leur plan apicole durable qui se déploie peu à peu sur le terrain. La collectivité devrait ainsi lancer à la fin du mois un appel à candidatures pour accueillir de nouvelles ruches dans ses parcs naturels départementaux. « Ces derniers en reçoivent déjà 400. Nous achevons actuellement un recensement des sites à aménager et sécuriser pour doubler cette capacité d'accueil », explique Antoine Delahaye, chef du service de l'aménagement, du logement et du développement rural au conseil général.
Le plan liste onze autres mesures. Toutes ne sont pas nouvelles. « Ce plan donne de la lisibilité à notre action et nous permet d'impliquer tous les acteurs concernés. Son budget annuel théorique s'élève à 100 000 euros, mais il est probable que nous le dépasserons. Il est difficile d'être précis en l'absence de ligne budgétaire spécifique. Et tout ne se règle pas à coup de milliers d'euros. Aménager des sites d'accueil dans les parcs ne demande par exemple que de petits investissements », raisonne Antoine Delahaye. Ces actions poursuivent quatre objectifs transversaux : protéger la santé des abeilles, soutenir la filière apicole, préserver et développer les ressources mellifères et sensibiliser les différents publics.
Le conseil général subventionne déjà pour moitié les traitements contre le parasite varroa, tandis que le laboratoire vétérinaire départemental est chargé d'ausculter les ruchers déjà installés dans les parcs et ceux à venir. Une nouvelle aide couvrant 50 % du coût de l'acquisition de reines de race européenne vient compléter ce dispositif. Les Alpes-Maritimes proposent également de financer les conseils techniques individuels de la chambre d'agriculture et finance le Civam (centre d'initiatives pour valoriser l'agriculture et le milieu rural) apicole qui dispense un cycle de formation pour apiculteurs débutants. La collectivité a en plus soutenu, depuis 2007, 28 projets apicoles pour 700 000 euros.
Le développement des prairies fleuries dans les parcs départementaux constitue l'autre nouveauté. L'objectif est de dupliquer une action engagée par des chasseurs dans le parc du plan des Noves. Ils y ont créé une zone mellifère en intégrant aux semis destinés au gibier des graines offertes par la Ligue de protection des abeilles (LPA). Zéro phyto depuis 2010 pour ses parcs et ses routes, le Département prépare, en outre, un plan pour généraliser le fauchage tardif des 1 760 km de son réseau routier. Sur plusieurs points, certains partenaires associatifs de la collectivité regrettent cependant un démarrage poussif. « Une telle mobilisation ne peut qu'être intéressante, mais il n'est jamais évident de passer du papier au terrain », commente ainsi Chantal Aimé, présidente du Civam apicole et de la LPA. l