« Aujourd'hui, on est au degré zéro du débat écologique », affirme Géraud Guibert, à présent très honorable conseiller maître à la Cour des comptes et président de la toute nouvelle Fabrique écologique. La phrase est sans appel, mais elle reflète bien l'état d'esprit d'un homme très déçu. « Le bilan des partis est mauvais. Et une fois au pouvoir, ils n'ont plus aucune marge de manœuvre. C'est pourquoi, je crois à l'organisation d'un débat transpartisan qui puisse apporter une valeur ajoutée en termes de propositions », explique-t-il. Fort d'un riche carnet d'adresses, celui qui a été responsable du pôle écologique du PS, auteur de nombreux rapports sur l'environnement à la Cour des comptes, et dernièrement éphémère directeur de cabinet de la première ministre de l'Écologie de François Hollande, Nicole Bricq, il met un an pour créer la Fabrique écologique. Pour disposer d'un budget de 120 000 euros, la fondation a signé des partenariats avec sept organismes privés. Une indépendance financière qui se double d'une indépendance intellectuelle affirmée. En effet, les statuts qui encadrent ce réseau d'experts de tous bords excluent les ministres en exercice, les responsables de parti politique et les candidats à des élections nationales ou locales dans des grandes villes. C'est dire que Géraud Guibert a changé son fusil d'épaule et veut peser autrement que par l'appareil politique et la langue de bois. « Nous avons mis en place onze groupes de travail sur des sujets très divers. Nous publierons six à huit notes de référence par an, dont la première est consacrée à la décentralisation énergétique », explique celui qui a gagné sa liberté et veut simplement être utile.
