Comment inciter les ménages, notamment les plus modestes, à rénover leurs logements ? Dans les ministères et les groupes de réflexion parisiens, on se creuse la tête pour répondre. Sur le terrain, l'Association nationale des compagnons bâtisseurs (ANCB) aide un public précaire à passer à l'acte. Sa recette ? L'autoréhabilitation accompagnée (ARA), une solution où une équipe d'animation assiste propriétaires ou locataires démunis à réaliser eux-mêmes une partie des travaux, à mobiliser les aides financières, à contacter des entreprises pour les tâches les plus techniques… L'ANCB déploie depuis vingt ans un peu partout en France cette action d'insertion sociale de plus en plus reconnue par les collectivités locales et l'État, la ministre du Logement souhaitant qu'elle « trouve sa place parmi les outils du Plan de rénovation énergétique de l'habitat ».
Alors qu'elle vient de clôturer à Lille une expérimentation où elle formait, pour la première fois, d'autres structures à l'ARA, l'association souhaite passer la vitesse supérieure. « Nous avons bâti un plan sur cinq ans, avec l'objectif de passer d'un petit millier de chantiers par an à environ 10 000, en nous appuyant sur nos associations régionales et d'autres réseaux. Cela pourrait générer entre 25 et 30 millions d'euros de chiffre d'affaires pour les artisans et les entreprises. Pour financer les deux premières années, nous pouvons compter sur deux prêts : un de 2,5 millions d'euros, obtenu dans le cadre des Investissements d'avenir, et un second, d'un million du Crédit coopératif. Le plan de fi nancement complet sera bouclé dans l'année. Mais ce n'est qu'une pièce du puzzle… », explique Hervé Cogné, le directeur de l'Association nationale.
La seconde aide viendra du côté du Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) et du ministère du Logement. Cécile Duflot a en effet confié à Hervé Berrier, membre permanent du CGEDD, l'animation d'une concertation sur le sujet. Celle-ci devait se conclure fin février par la remise de propositions destinées à lever les obstacles juridiques, financiers et techniques existant. « Il faut que le bénévolat ne puisse plus être considéré comme du travail dissimulé par l'Urssaf et lever le risque de non-couverture par les assurances, plaide Hervé Cogné. Mais aussi donner la possibilité de recourir à l'ARA dans le futur plan de renouvellement urbain et d'avoir accès aux aides de l'Agence nationale de l'habitat. » L'homme a déjà en partie été entendu par la ministre puisque la loi Alur ouvre cette dernière possibilité. Mais le chantier ne fait que débuter…