Ikea affiche un objectif ambitieux : l'autosuffisance énergétique en 2020, avec 100 % de sources renouvelables. Mais pas forcément utopique, en tout cas en France, où l'enseigne produit déjà l'é qui valent de 70 % de l'énergie qu'elle consomme. Cette performance a été atteinte grâce à l'acquisition de parcs éoliens, à l'installation de chaufferies au bois et de centrales solaires sur ses sites. « Tous nos nouveaux magasins sont désormais équipés de pan neaux photo voltaïques dès qu'ils sortent de terre », signale Carole Brozyna-Diagne, directrice développement durable France. En matière de transition énergétique, son centre logistique de Saint-Quentin-Fallavier, dans l'Isère, lui sert de terrain d'expérimentation grandeur nature.
Site historique d'Ikea en France, c'est aussi le plus grand avec ses 100 000 m². Depuis 2010, une chaufferie à biomasse de 1,8 MW satisfait 60 % des besoins en chauffage (complément au gaz). « Le bâtiment a été construit pour accueillir, à moyen terme, une deuxième chaudière », précise Cédric Lipold, responsable maintenance du site. Mais dans l'immédiat, ce sont d'autres pions qu'avance Ikea. Sur le toit de l'entrepôt, une centrale photovoltaïque a été mise en service fin 2013. « Sa production de 4 gigawattheures par an couvrira 125 % de la consommation élec trique », évalue Jean-Christophe Menuel, directeur du centre.
Plus original : le lieu possède sa propre station à hydrogène. L'idée est de remplacer les batteries au plomb des chariots élévateurs par des piles à combustible. À l'entrée du site, à l'écart des autres bâtiments, est garé un semi-remorque supportant 400 kg d'hydrogène gazeux. Une tuyauterie, d'un diamètre interne de 9 mm, se déploie ensuite sur 500 m pour alimenter la station installée au cœur de l'entrepôt. Deux premiers chariots à hydrogène sont à l'essai. Ikea prévoit de passer à dix cet été, puis vingt après six à huit mois d'exploitation (sur un parc d'une centaine de chariots). C'est Air liquide qui a financé la station et la zone de stockage, et qui se rémunère sur la vente d'hydrogène. Ikea, lui, prévoit d'investir 800 000 euros dans les vingt chariots. D'après ses calculs, son retour sur investissement sera de six ans grâce à une productivité accrue de 5 % par rapport aux batteries. Un gain rendu possible grâce à une meilleure autonomie des chariots et un temps de ravitaillement réduit.
Au-delà des enjeux technico-économiques, un gros travail a porté sur les aspects réglementaires. « Il n'existait aucun texte spécifique à ce type de projet », témoigne Cathy Day, chargée de mission à la Dreal Rhône-Alpes. Une analyse de risques exhaustive a donc été menée (lire encadré), en attendant une réglementation adaptée. La direction générale de la Prévention des risques du ministère de l'Écologie y travaille.