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POLITIQUES

La finance carbone passe à l'action

PUBLIÉ LE 10 AOÛT 2016
LA RÉDACTION
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Toute l'information de cette rubrique est dans : Environnement Magazine
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Malgré la caisse de résonance de la COP21, la responsabilité climatique peine à devenir une priorité pour les grands investisseurs internationaux. Un chiffre permet de s’en rendre compte: selon le rapport 2015 de l’ONG Asset Owners Disclosure Project (AODP), moins d'un cinquième des 500 plus grands investisseurs mondiaux prend des mesures concrètes pour lutter contre le réchauffement climatique. Le poids des gérants d’actifs vertueux augmente chaque année mais Julian Poulter, le directeur général de l’ONG, juge « choquante » la proportion d’investisseurs inactifs en matière de lutte contre le réchauffement climatique.Dans ce tableau encore très noir, les investisseurs français ne sont pourtant pas les derniers de la classe mondiale en matière de prise en compte du risque climat. L’Etablissement de retraite additionnelle de la fonction publique (Erafp), la Caisse des dépôts et le Fonds de réserve des retraites, trois émanations de la sphère publique, obtiennent même une excellente notation de la part de l’AODP.Sous l’impulsion des politiques et des Etats, un cercle vertueux s’est-il enclenché en France ? Pascal Canfin veut y croire. « Nous ne préjugeons pas du résultat mais la dynamique est intéressante », apprécie le directeur général du WWF France. Les investisseurs seraient eux-mêmes encouragés par leurs épargnants à faire plus pour le climat. « Les clients ont réagi de façon positive » comme l’illustre « la popularité croissante de produits comme les obligations vertes (green bonds) », reconnaît Matt Christensen, directeur de l’investissement responsable chez Axa IM, la société de gestion de l’assureur français.« Je ne peux pas imaginer que les acteurs qui se sont engagés publiquement prennent maintenant le risque de ne pas mettre en œuvre leurs annonces. La question est devenue trop sensible. Il peut y avoir parfois un peu de ‘green washing’, mais ces acteurs se savent surveillés », appuie Pierre Ducret, le président de l’Institut for Climate Economics.L’article 173 de la loi de transition énergétique impose en effet aux investisseurs institutionnels français de rendre publique et de détailler leur « démarche générale sur la prise en compte de critères sociaux, environnementaux et de qualité de gouvernance dans la politique d’investissement et, le cas échéant, de gestion des risques ». Les investisseurs devront notamment expliquer chaque année les moyens mis en œuvre pour contribuer à la transition vers une économie bas carbone. Ces éléments devront être publiés dès 2017, sur la base des données de 2016. Pour aider ses adhérents, l’Association française de la gestion, prévoit de publier cet été un guide pratique d’application de l’article 173.Un investisseur qui ne ferait rien ne serait pas sanctionné directement au portefeuille. Mais l’objectif est de créer une émulation entre les différents acteurs et de marginaliser les mauvais élèves. « La loi de transition énergétique a une approche originale. Elle fixe un cadre aux acteurs financiers mais n’est pas prescriptive et leur donne ainsi la possibilité de s’exprimer sur leur approche environnementale. Elle mise sur la transparence et sur le fait qu’une absence de communication pourrait constituer un risque de réputation par la suite », reconnaît Laurent Jacquier-Laforge, directeur de la gestion actions de La Française, l’un des plus grands gestionnaires d’actifs français. L’article 173 réalise la prouesse de faire l’unanimité. « WWF a pris position de laisser faire l’industrie financière et ses fournisseurs de solutions. Nous ferons une première évaluation, en 2017. Cela nous permettra de vérifier la pertinence et la clarté des informations rendues disponibles, et surtout de voir si les politiques engagées sont compatibles avec l’engagement 2 degrés maximum », indique Pascal Canfin.Mais passer de la parole aux actes est souvent le plus difficile. Car au-delà de la politique affichée, décarboner un portefeuille coûte cher. D’une part, la mesure de l’empreinte carbone, indispensable pour connaître les efforts à fournir par la suite, est à la charge de l’investisseur. « Le respect de critères d’investissement extra-financiers a un coût car il nécessite de se doter de bases de données auprès de fournisseurs comme Vigeo. De même, la création par la loi de transition énergétique de nouvelles contraintes de reporting aura un coût », reconnaît Nicolas Demont, directeur général d’Egamo, une filiale de la MGEN, qui pratique l’ISR depuis plusieurs années avec la conviction que « le respect de ces critères n’enlève pas de la performance à l’investissement ».D’autre part, vendre ses actifs dans un secteur comme le charbon se résume à renoncer à leur rentabilité et donc à essuyer des pertes. Pour un investisseur, cette décision « n’est pas facile », admet Pierre Ducret qui rappelle également qu’« en raison de leurs devoirs fiduciaires, les investisseurs doivent vérifier que leurs investissements dans des actifs décarbonés ne nuisent pas à leur rendement ».Selon Maria Scolan, directrice du projet « Climate Finance Day » à la Caisse des Dépôts, ce dispositif de la loi de transition énergétique fait de la France « un bon laboratoire très suivi par les autres pays ». Mais selon elle, il ne faut pas s’arrêter en si bon chemin. Les petites banques commerciales, essentielles pour le financement des projets d’ENR décentralisées par exemple, par lesquels passera l’essentiel de la transition énergétique, reste encore en retrait. La ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, a d’ailleurs écrit en mars à la Fédération bancaire française et à plusieurs banques pour leur demander de se mobiliser en faveur de la transition énergétique, leur demandant par exemple de communiquer sur la possibilité, depuis le 1er mars, pour les ménages de cumuler le crédit d'impôt transition énergétique et l'éco-prêt à taux zéro.De plus, mises à part certaines d’entre elles comme Paris et l’Ile-de-France, les collectivités territoriales restent encore trop absentes du marché des green bonds. « Nous plaidons pour que la France ou l’Union européenne se lancent dans les green bonds pour financer des investissements  de rénovation des bâtiments, des projets de mobilité ou de stockage de l’énergie. Les besoins d’investissements publics supplémentaires sont de 5 à 8 milliards d’euros par an pour la France », pousse Pascal Canfin.Les signataires de la Portfolio decarbonization coalition se sont engagés à décarboner 600 milliards de dollars de leurs actifs sous gestion. Or, l’offre actuelle de green bonds, d’une dizaine de milliards de dollars dans le monde, est encore loin de répondre à leurs besoins.Enfin, la création d’une taxe sur les transactions financières (TTF) à l’échelle européenne dont le produit irait au financement de la transition énergétique constituerait une réelle avancée. Mais le dossier est englué, notamment sous la pression des banques. La TTF française en vigueur depuis 2012 a elle-même perdu de son impact depuis la décision du Conseil constitutionnel, fin 2015, de censurer l’élargissement de son assiette. Armelle Le Comte, chargée de plaidoyer climat et énergie fossiles chez Oxfam France, qui espère que « ce projet revienne dans la prochaine loi de finances rectificative », estime que l’aboutissement du dossier de la TTF constituerait le « vrai signe de l’engagement de la France en faveur du climat ».Julien Dupain
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