Encore peu réglementés, les perturbateurs endocriniens sont aujourd'hui recherchés essentiellement dans l'eau ou les produits manufacturés. Mais ils sont aussi présents dans l'air, selon une étude menée par Atmo Picardie sur Amiens Métropole, et présentée mardi 27 septembre 2016. Cette étude, a été menée pendant l'année 2015 sur trois sites de mesures extérieurs représentatifs des milieux urbain, résidentiels et industriels, et quatre sites de mesure intérieurs (maisons en zone résidentielle et industrielle, école et bureau). Pas moins de 76 prélèvements ont été réalisés et 72 perturbateurs endocriniens recherchés dans la fraction gazeuse mais aussi particulaire des échantillons.« Toutes les molécules ont été détectées et quantifiées », annonce Emmanuel Escat, responsable des études chez Atmo Picardie. Sans surprise, dans l'air intérieur sont majoritairement présents des phtalates, le galaxolide (musc synthétique, qui signe les parfums d'intérieur, les savons, etc.), des alkylphénols et des HAP. Dans l'air extérieur, on retrouve également les phtalates et ensuite les HAP (des résidus de combustion notamment liés au trafic automobile). « Dans certains échantillons, on trouve des concentrations jusqu'à 100 fois plus importantes dans l'air intérieur que dans l'air extérieur », indique Emmanuel Escat.Les chercheurs ont également retrouvé du lindane, un pesticide interdit depuis 1988 en agriculture, dans l'air extérieur et, dans une moindre mesure, dans l'air intérieur. « On le retrouve à un ordre de grandeur de l'ordre du nanogramme par mètre cube dans tous les échantillons d'air extérieur, quelle que soit la saison. Sans doute une ré-émission des sols agricole », précise Emmanuel Escat.Les analyses ont été effectuées par le laboratoire de l’École pratique des hautes études (EPHE, de l'UMR Metis) à Paris, qui avait déjà fait des études similaires en région parisienne. « Les polluants et les concentrations sont similaires sur Amiens Métropole et l'ile-de-france », ajoute Elodie Moreau-Guigon, maître de conférence à l'EPHE.Quid des conséquences sur la santé humaine et sur l'environnement ? Cette question reste sans réponse. En revanche, les mesures vont se poursuivre dans l'ex-région Nord Pas-de-Calais pour obtenir des données cohérentes avec le nouveau périmètre des Hauts-de-France.   Albane Canto