Lyxor, groupe Société générale, annonce, ce jeudi 2 avril, malgré la crise liée au coronavirus, le lancement des premiers fonds indiciels cotés (ETF) européens tenant compte des objectifs de réduction des émissions de carbone inscrits dans l’Accord de Paris en 2015.
« La plupart des indices d’investissements de référence actuels conduisent à une hausse des températures entre 4 et 6 °C d’ici à 2100, explique Arnaud Llinas, responsable de la gestion indicielle et ETF de Lyxor Asset Management. Cela signifie la fin de l’humanité ou des dommages irréversibles. » En créant quatre nouveaux ETF conçus pour lutter contre le changement climatique, Lyxor tente de « flécher les investissements cotés vers des sociétés qui vont permettre de rejoindre une trajectoire à la baisse des émissions de gaz à effet de serre », explique le responsable.
Pour créer ces nouveaux indices, Lyxor s’est basé sur les recommandations d’experts européens (Technical Expert Group) reposant sur l’utilisation du scénario le plus ambitieux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), celui de la limitation du réchauffement à 1,5 °C. Pour cela, le cadre normatif d’exigences minimales qu’ils ont posé implique une réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre de 7 % par an afin d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050.
La finance, un moteur de la transition énergétique
Ces nouveaux indices visent aussi à se conformer, en répliquant les indices MSCI Climate Change, aux évolutions de la réglementation européenne sur le sujet, dans le cadre de son Plan d’action sur le financement de la croissance durable de 2018. « C’est un sujet sur lequel nous sommes précurseurs, avance Arnaud Llinas, avec le lancement dès 2017, de 300 millions d’euros de green bonds. Avec ces ETF, nous apportons une valeur en plus : celle de l’impact des indices financiers sur le climat. Opérer cette transition en orientant nos clients vers ces produits nous semble fondamental pour les années qui viennent. » Selon lui, « la finance a un rôle clé à jouer dans la transition énergétique ».
« Notre conviction est qu’il ne faut pas perdre de temps », renchérit François Millet, responsable de la stratégie ESG et innovation chez Lyxor ETF. Les indices que nous lançons ont vocation à se transformer en EU Climate Transition Benchmark lorsque les décrets d’application de la réglementation européenne auront été approuvés », souligne-t-il. L’Union européenne a souhaité éviter tout greenwashing dans la constitution de ces portefeuilles, dont la composition va coller à celle des portefeuilles traditionnels. « Le but est d’orienter le capital vers les sociétés les plus vertueuses, mais sans exclure les entreprises encore peu décarbonées. Il faut que l’indice reste diversifié pour vraiment parvenir à cette décarbonation », détaille le responsable de la stratégie.
La carte de la transparence
Deux des ETF (Emerging Markets et US) ont été cotés dès le 26 mars sur Euronext (en euros) et seront également cotés à la Bourse de Londres (en dollars), le 7 avril. Les deux autres le seront très prochainement. À partir du mois de mai, les indices nationaux donneront leur avis sur ces nouveaux indices. Fin 2022, chaque composant des portefeuilles devra attesté de sa trajectoire carbone. « La transparence est au cœur de la transition, avance François Millet. Il est probable que les fabricants d’indices raccrochent leur notation à ces indices. »
Quant au calendrier de l’annonce de ces nouveautés, « nous avions à cœur de ne pas l’interrompre, explique Arnaud Llinas. Les effets du confinement lié au Covid-19 montrent en partie ce qu’il faudra mettre en application pour réussir la transition énergétique. Cet événement lié à la mondalisation a été permis pour l’économie du pétrole, qui a accéléré tous les modes de déplacements. De nombreux investissements ont été faits en mettant de côté les systèmes résilients. Nous proposons aujourd’hui des investissements fléchés vers la transition énergétique, mais cela va prendre des décennies », conclut-il.