Les ministres Barbara Pompili et Emmanuelle Wargon ont présenté la prochaine norme pour réduire l’empreinte écologique de la construction des nouveaux bâtiments. Elle s’appuie davantage sur le besoin bioclimatique, indicateur inscrit dans la norme actuelle, RT2012.
La nouvelle norme RE2020 pour le bâtiment a été décrite par Barbara Pompili et Emmanuelle Wargon, respectivement ministres de la Transition écologique et du Logement. Cette réglementation, qui entrera en vigueur en juin 2021 (au lieu de janvier), a pour but de « mettre la réglementation au service de l’ambition climatique ».
Pour ce faire, la stratégie passe d’abord par la sobriété énergétique. Le seuil maximal du besoin bioclimatique (ou Bbio) sera abaissé de 30% pour tous les logements individuels et collectifs. Ce coefficient, déjà présent dans la RT2012 (la réglementation en vigueur aujourd’hui), représente l’efficacité énergétique d’un projet de bâtiment. Il se base sur le besoin en chauffage, en refroidissement et en éclairage. La RE2020 fixera un seuil maximum pour la consommation d’énergie, afin de réduire le recours aux énergies fossiles dans les bâtiments neufs. « Pour les maisons individuelles, les solutions non-fossiles (pompes à chaleur et biomasse notamment) sont déjà pleinement opérationnelles et vendues à grande échelle. Nous allons donc fixer le seuil maximal d’émissions à 4 kgCO2/m²/an. », précise Barbara Pompili. Cela permettrait à une maison RE2020 de consommer 10 fois moins qu’une maison actuelle. Pour les logements collectifs, le seuil maximal d’émissions est lui fixé à « 14 kgCO2/m² en 2021, puis 6 kgCO2/m²/an pour privilégier les pompes à chaleur, la biomasse et le raccordement au réseau de chaleur urbain. » L’énergie photovoltaïque en autoconsommation sera aussi prise en compte dans le mode de calcul – contrairement à une installation qui revendrait l’électricité produite.
Un nouvel indicateur
Pour limiter le recours aux radiateurs électriques, un nouvel indicateur en degrés/heures est introduit : il correspond au nombre d’heures durant lesquelles un logement peut dépasser la limite de confort, et est limité à 1250 degrés/heure. « Cela correspond à 25 jours par an durant lesquels le logement serait à 30 degrés le jour et 28 degrés la nuit », explique Barbara Pompili. Il est accompagné d’un seuil bas à 350 degrés/heure avec pénalités. Pour le moment, le chauffage au gaz n’est pas la priorité, et l’injection de gaz renouvelable non plus : « Tout l’intérêt du gaz renouvelable est de remplacer le gaz non-renouvelable qui alimente le bâti existant. Le biogaz a beaucoup d’avenir devant lui. Mais d’abord faisons en sorte qu’il puisse remplacer le gaz naturel. », ajoute la ministre.
La norme entend aussi mettre davantage en valeur les matériaux biosourcés et le bois pour la construction de nouveaux bâtiments. Elle impose une baisse des émissions de gaz à effets de serre de 30 à 40% d’ici 2030, selon la typologie des bâtiments, dans le process de construction. Elle introduit aussi des objectifs intermédiaires en 2024 (-15%) et 2027 (-25%). « Le gouvernement annoncera prochainement des initiatives pour favoriser l’innovation et le développement de la construction avec Agnès Pannier-Runacher et Julien Denormandie. », précise Emmanuelle Wargon. Elle ajoute que l’une des priorités de la RE2020 est aussi « la fiabilisation et l’optimisation des analyses de cycle de vie. C’est une phase nécessaire pour caractériser les équipements, les matériels et les Fiches de Déclaration Environnementale et Sanitaire. »