Lionel Limousy, directeur de l’Institut Carnot MICA. Crédits : DR
Lionel Limousy, directeur de l’Institut Carnot MICA, évoque les problématiques soulevées par la crise sanitaire et présente l’économie circulaire comme un modèle d’avenir capable de répondre à ces enjeux sociétaux.
S’il est encore trop tôt pour faire le bilan des conséquences de la crise Covid-19, de nombreux acteurs s’accordent à dire qu’elles seront considérables pour tous les secteurs de notre économie. Au printemps dernier, pendant quelques semaines et pour répondre aux enjeux de santé publique, notre activité industrielle ne tournait plus qu’à 50 %. En parallèle, la crise a mis en évidence les failles de notre économie et révélé la nécessité pour les nations d’acquérir à plus ou moins court terme une souveraineté agricole, technologique et industrielle.
Pour répondre à cet enjeu de souveraineté, le gouvernement français a présenté un plan de relance massif visant notamment à encourager l’innovation et la relocalisation de certains secteurs industriels à travers une enveloppe de 15 milliards d’euros. « Nous devons relocaliser et recréer des forces de production sur nos territoires » indiquait notamment Emmanuel Macron en août 2020. L’ambition est désormais de préparer demain, en encourageant nos industries à se transformer pour être plus agiles et ainsi faire face à la dégradation de la compétitivité.
La crise sanitaire nous incite également à repenser nos modes de consommation et révèle l’urgence de mettre un terme à notre économie linéaire « fabriquer, consommer, jeter ». Selon une étude du Kantar Worldpanel, 82 % des consommateurs souhaiteraient consommer moins mais mieux. Le Pacte vert européen ou encore la loi Agec sont également la preuve qu’un mouvement de fond se met en place en faveur d’un avenir plus responsable et plus respectueux de notre environnement.
Dans ce contexte de mutation sociétale, il est impératif que nos industries, qui représentent près de 12 % du PIB national, se mettent en ordre de marche si elles veulent conserver leur place sur le marché et assurer la pérennité de leur activité. En effet, dans ce climat encore fragile, il y a urgence à renforcer le développement économique de nos territoires en transformant nos industries pour les rendre plus résilientes et en phase avec les exigences de ce monde post-crise.
L’économie circulaire apparaît plus que jamais comme un modèle d’avenir capable de répondre à ces enjeux sociétaux.
L’économie circulaire c’est repenser son business model
Faire le choix de l’économie circulaire exige pour une entreprise de repenser complètement son business model, et donc d’opérer à une réelle évolution technique et technologique de son savoir-faire. Faire appel à la R&D constitue pour une entreprise une réelle opportunité en termes de développement et offre de véritables solutions d’optimisation.
Les entreprises peuvent s’appuyer sur des équipes de recherche expertes, capables d’imaginer des systèmes innovants en parfaite adéquation avec leurs enjeux et leurs contraintes. Qu’il s’agisse d’une optimisation ou d’une transformation de la chaîne de valeur, les entreprises s’inscrivent alors indéniablement dans une dynamique compétitive, positive pour elle et plus globalement pour l’écosystème économique.
L’économie circulaire crée de la valeur en permettant aux entreprises de mieux maîtriser le cycle de vie des produits et l’impact de leurs activités sur l’environnement mais aussi en les incitant à créer des services innovants. A titre d’exemple, Suez a par exemple lancé sa première blockchain de l’économie circulaire, CircularChain, destinée à transformer les boues engendrées par les eaux usées pour fabriquer de l’engrais. Le processus de valorisation est construit sur une technologie sécurisée de stockage et de transmission d’informations qui permet aux producteurs de boues de gérer l’entièreté de la chaîne.
Vers des industries plus innovantes et plus résilientes
A l’heure où nous sommes au cœur d’une relance économique en faveur d’un modèle plus responsable, l’innovation apparaît pour nos entreprises comme la clé pour se transformer. Si nous voulons renforcer la souveraineté de notre pays, nous devons ensemble recréer un tissu industriel solide en rendant nos industries plus innovantes et plus résilientes.
Depuis plus de 10 ans, nous sommes engagés pour répondre aux besoins R&D des entreprises et leur permettre de rester compétitives dans un monde qui évolue de plus en plus vite. A titre d’exemple, l’APESA, centre technologique en environnement et maîtrise des risques et membre de l’IC MICA, a récemment travaillé sur la production de bioplastiques biodégradables à partir de déchets agricoles dans le cadre du projet BIOPLAST.
Dans un autre domaine, l’IS2M, également membre de MICA, collabore avec la société R-HYNOCA pour la valorisation de sous-produits solides issus du processus de production d’hydrogène via la pyrolyse de la biomasse, dans le cadre d’une valorisation locale de ces derniers. Ainsi, MICA mène depuis plusieurs années des travaux de recherche destinés à identifier des solutions d’énergie verte capables de pallier à l’arrêt de la centrale nucléaire Fessenheim (Cluster Energie et Développement Durable mené avec la Communauté Européenne d’Alsace).
Nous sommes convaincus que les entreprises et la recherche publique doivent allier leurs forces pour répondre aux enjeux de demain. La R&D constitue un levier de transformation considérable et assure aux PME, ETI et grands groupes un atout majeur pour s’imposer dans ce nouveau paysage exigeant de nouveaux modèles d’affaires basés sur le principe de l’économie circulaire.