Pour Éric Blain, président de Chloé in the sky, société de conseil en investissement financier et de courtage en assurance spécialisée, la fin du « toujours plus » a sonné. Selon lui, la conception du rendement des placements financiers doit s’y adapter et mieux prendre en compte l’environnement.
Si mon investissement « rapporte », alors c’est qu’il produit plus que ce qu’il détruit. Pourtant, aujourd’hui, on utilise une vision du « rendement » selon laquelle j’augmente mes propres ressources en détruisant celles des autres, et mes chances d’avoir des ressources dans le futur : cela n’a pas de sens !
Il est temps de proposer une redéfinition audacieuse du rendement, une vision qui intègre la résilience et l’impact environnemental.
Sortir de nos tableaux Excel et se demander comment ils ont été conçus
Les défis environnementaux se multiplient, pourtant les outils financiers n’évoluent pas. On calcule toujours la rentabilité d’un point de vue strictement individuel : aujourd’hui, la plupart des investissements sont collectivement destructeurs de ressources, mais aucun outil financier ne le reflète ! Il est temps d’adopter une approche plus holistique qui intègre la résilience et l’impact environnemental à notre conception du rendement financier.
La terre brûle et notre biodiversité est particulièrement malmenée. L’innovation industrielle est nécessaire, mais elle n’est pas la seule réponse, revoir nos modes de consommation est aussi essentiel. Concrètement, cela veut dire quoi ? Consommer différemment et moins, avec plus de frugalité ? Dans ces conditions, les entreprises vont-elles produire toujours plus ? moins ? doivent-elles ralentir ?
Calculer autrement pour calculer mieux : intégrer le réel
Le rendement financier traditionnel ne suffit plus à répondre aux enjeux auxquels nous sommes confrontés. Il doit être réinventé pour prendre en compte les réalités actuelles et futures. La résilience est une composante clé de ce nouveau rendement. Dans un monde en constante évolution, toutes les industries et tous les acteurs économiques ne seront pas en mesure de s’adapter à nos défis. Il est donc primordial de protéger nos économies et d’anticiper les contraintes et les limites physiques auxquelles nous serons confrontés. La résilience n’est pas un renoncement, mais une préparation en amont pour faire face aux opportunités et aux contraintes du monde de demain.
En pratique, il est primordial que la finance participe à inciter les entreprises à produire mieux, à produire différemment, à produire moins de biens destructeurs de notre capacité à survivre. Pour cela, il nous faut penser un calcul de la rentabilité qui inclut la résilience. L’impact environnemental doit être pris en compte dans notre conception du rendement. Peut-on réellement envisager une performance financière solide sans une performance environnementale à la hauteur des enjeux énergétiques, climatiques et de la biodiversité ? Cette idée sonne creux.
Pour des rendements qui abordent des questions d’équilibre, de durabilité et de préservation.
Ainsi, la redéfinition du rendement est un impératif. Il doit être à la fois économique et environnemental, car l’un ne va plus sans l’autre. L’ancienne approche du "toujours plus" sans considération pour l’environnement est révolue. Nous devons repenser nos modes de consommation, encourager l’innovation industrielle et adopter une approche plus frugale. Le nouveau rendement exige un équilibre entre l’innovation et la frugalité, afin de préserver notre planète tout en assurant une croissance économique durable.
En redéfinissant le rendement, nous répondons à l’urgence de la crise environnementale tout en créant de nouvelles opportunités économiques. C’est un défi complexe, mais il est nécessaire d’agir avec détermination pour assurer un avenir prospère pour les générations futures.