Nous souhaitons réagir à un article publié dans votre numéro de juin (lire EM n° 1658 p. 68) et intitulé « Le livre noir des pesticides » [présentant le livre Pesticides, révélations sur un scandale français, de Fabrice Nicolino et François Veillerette, NDLR]. Certains propos et affirmations nous paraissent sujets à caution et nous aimerions préciser quelques points indispensables à la bonne compréhension par le lecteur de l'usage des produits phytopharmaceutiques (...). 1. Vous écrivez que « la France est le deuxième utilisateur de pesticides au monde », or elle est aujourd'hui le quatrième marché mondial derrière les États-Unis, le Japon et le Brésil. Ce classement est à relativiser compte tenu du fait que la France est la deuxième puissance agricole mondiale (...). 2. Vous dites également que « la moitié des aliments contiennent ces molécules ou leurs résidus ». Vous faites référence, je pense, au rapport de la DG Sanco publié en novembre 2006, qui indique que dans plus de 95 % des échantillons, les teneurs en résidus étaient inférieures ou égales aux limites maximales de résidus (LMR) et dans moins de 5 % des échantillons supérieurs aux LMR au niveau européen et de 5,8 % pour la France pour l'année 2004. Les dépassements observés des LMR, même s'ils sont à déplorer, ne présentent pas de risques pour la santé du consommateur : en effet, la LMR est une limite fixée par la réglementation et non une limite toxicologique (...). 3. Vous évoquez également la présence de pesticides dans « 96 % des cours d'eau et 61 % des eaux souterraines ». Si la présence de produits dans les eaux à des quantités supérieures à la norme en vigueur est difficilement acceptable pour le citoyen, les traces retrouvées ne présentent pas de risque pour le consommateur, compte tenu des normes fixées par l'Union européenne dans les eaux de boisson à 0,1 µg/l. Elle correspond à un niveau de détection et en aucun cas à un seuil toxicologique (...). 4. Vous parlez enfin de « la complicité de nombre d'institutions ». Nous tenons à préciser qu'il n'y a pas de complot français en faveur des pesticides. Les produits utilisés en France sont les mêmes que dans la plupart des autres pays et suivent des procédures complexes d'homologation, validées par un comité d'experts indépendants (...). Jean-Charles Bocquet, directeur général de l'Uipp (Union des industries de la protection des plantes). Quel que soit le rang de la France, il est difficile de nier qu'on y utilise beaucoup de pesticides. Le fait que les dépassements de normes ne soient pas, heureusement, la majorité des cas, n'empêche pas de s'interroger sur leur présence, fût-elle à l'état de traces, dans les aliments et les cours d'eau, comme le font d'ailleurs les pouvoirs publics et parapublics, en particulier l'Institut français de l'environnement. Nous n'avons pas employé l'expression « complot français », mais le livre de Fabrice Nicolino et François Veillerette fourmille d'exemples sur la grande proximité entre certaines administrations et les fabricants de pesticides. Cela dit, nous répétons ce sur quoi s'achevait cette critique : « il y a parti pris et exagérations dans cet ouvrage qui se veut résolument militant ».