Près de Perpignan, la grande distribution et le terroir s'affrontent. L'an dernier, l'enseigne Leroy Merlin décide de se déplacer vers un autre secteur de la zone commerciale du mas Galté, dont elle partage le parking avec Auchan, vers des terrains plus au Nord. Elle vise une surface plus vaste, facilitant la logistique et l'accès au magasin. Sur la colline, le nouvel emplacement longe le Fort du Serrat-d'en-Vaquer, un site paléontologique réputé, et fait face aux vignes du domaine Sarda-Malet. Jérôme Malet, propriétaire du vignoble, monte au créneau pour préserver son « îlot de verdure perdue ». Il craint la pollution visuelle, sonore, mais aussi les conséquences sur le régime hydraulique de dix hectares bétonnés à quelques centaines de mètres de ses ceps de vigne. La mairie de Perpignan discute et négocie un accord avec le géant du bricolage : la surface commerciale sera exactement la même que précédemment ; le bâtiment, légèrement enterré, ne portera aucune enseigne sur son toit. Leroy Merlin s'engage par écrit à construire des talus paysagés, mais ne prévoit aucune étude d'impact écologique. Jérôme Malet reste insatisfait et poursuit sa campagne antibéton.
Le 19 juin 2007, le dossier est présenté à la commission départementale des équipements commerciaux. Si les maires et l'agglomération approuvent le dossier, celui-ci ne convainc ni la CCI, ni la chambre de métiers, ni le représentant des consommateurs. Sans majorité favorable, Leroy Merlin se voit refuser son permis de construire. L'enseigne porte alors l'affaire devant la Commission nationale des équipements commerciaux. Pour ce réexamen, seuls le demandeur et le maire de Perpignan pourront s'exprimer. La décision est attendue d'ici à la fin du mois. En parallèle, le plan local d'urbanisme est soumis à enquête publique jusqu'au 26 octobre. La bonne occasion, selon Jérôme Malet, de rendre ces terrains inconstructibles. Mais dans l'hypothèse où Leroy Merlin gagne, le vigneron partira.