Le Symbhi (Syndicat mixte des bassins hydrauliques de l'Isère) a adopté en février un projet de 95 Me pour aménager l'Isère amont, entre Pontcharra et Grenoble. « La crue de 1859 fut dramatique, mais lors de la dernière, en 1968, aucun quartier de Grenoble n'avait été envahi par les eaux, commente Daniel Verdeil, chef de projet au Symbhi. Pourtant, il existe bien un risque de crue tous les vingt ans en aval et tous les cinquante ans en amont. En outre, les digues sont des ouvrages anciens, réalisés dans des matériaux de mauvaise qualité, présentant un risque réel de brèches, de renards hydrauliques (infiltrations) et de glissements. » Le plan prévoit donc la mise en place de seize champs d'inondation contrôlée, sur 3 400 ha de zones agricoles et naturelles, et le confortement des digues. « On garantit de ce fait un risque d'inondation une fois tous les trente ans sur l'ensemble de la zone, tout en supprimant les risques de brèche. En cas de crue bicentennale comme en 1859, les zones urbanisées auraient les pieds au sec. En cas de crue supérieure, elles seraient en partie inondées, mais sans rupture de digue catastrophique », assure Daniel Verdeil. Par ailleurs, 15 % du budget est consacré à un volet environnemental : restauration de gravières, par des plantations de roseaux, et de bras morts, ouvrages de franchissement pour les poissons, itinéraire cyclable de 50 km et, fait remarquable, abandon de 12 des 90 km de digues. « Il s'agit de relier à nouveau, comme au XVIIIe siècle, 300 ha de forêt alluviale à la rivière, dont la crue favorise la diversité des milieux », conclut Daniel Verdeil.