La communauté urbaine de Strasbourg ( CUS) amorce ce printemps la renaturation de son île du Rohrschollen classée réserve naturelle au bord du Rhin, sous l'égide d'un programme européen Life de 2 millions d'euros sur cinq ans. Elle ne prétend pas restaurer à l'identique l'écosystème d'avant la canalisation du fleuve, mais créer les conditions pour préserver sa particularité actuelle. Une action indispensable pour pallier les effets de plus d'un siècle de rupture entre l'île et le fleuve, selon Frédéric Lonchampt, le responsable des espaces naturels à la CUS : « L'assèchement du milieu est tel qu'il aboutit à sa transformation progressive en une banale forêt tempérée d'érables sycomores et de hêtres, au risque d'effacer le caractère particulièrement remarquable de forêt alluviale », avertit-il. La solution retenue, sur la base d'une étude de Sogreah, consiste à ériger un barrage de dérivation qui ramènera de l'eau dans l'ancien bras du Rhin, structurant l'île de 257 ha via un chenal. Celui-ci irriguera la réserve de façon « douce », à une faible vitesse d'écoulement. L'opération doit composer avec un environnement hydraulique déjà dense. Pour que le barrage soit activé, il faudra que le débit du Rhin se situe dans une fourchette de débits bien précise, entre le seuil jusqu'auquel il est réservé à une centrale EDF et avant celui de déclenchement d'un polder anti-crues. De quoi ménager cinquante jours d'inondation de l'île, un temps suffisant, selon la CUS, pour sauver ce joyau également poumon vert de l'agglomération.