Le gammare est une petite crevette d'eau douce utilisée pour évaluer l'indice biologique global normalisé des milieux et l'état écologique des masses d'eau conformément à la directive-cadre sur l'eau (DCE). Depuis cinq ans, un laboratoire d'écotoxicologie du Cemagref étudie comment l'utiliser pour analyser la pollution chimique des eaux. Le protocole, basé sur l'encagement d'individus dans le milieu cible, est en cours de validation. « Le plus innovant, dans cette approche écotoxicologique, c'est d'utiliser des espèces qui jouent un rôle clé dans le fonctionnement des écosystèmes français pour en faire des indicateurs de la qualité chimique et toxicologique du milieu », souligne Olivier Geffard, qui dirige le projet au Cemagref. Jusqu'à présent, l'analyse des polluants chimiques se faisait principalement par prélèvements dans le milieu (eau ou sédiments), avec certaines difficultés de détection et d'interprétation des pressions chimiques reçues par les milieux. Dans cette nouvelle approche, les contaminants concentrés dans les organismes sont mesurés en laboratoire et renseignent sur la fraction biodisponible réellement accumulée par les gammares. Une étude soutenue par l'Onema a débuté, il y a un an, en Rhône-Alpes, sur une trentaine de sites pour établir des seuils de gravité de la contamination chimique et proposer un classement des masses d'eau. L'expérimentation va se poursuivre au niveau national pour déterminer si ces valeurs sont généralisables ou devront être déclinées par « écorégions ».
