Un chargé de mission zéro phyto ne parle pas de mauvaises herbes. Il évoque plutôt des « herbes folles », une « végétation spontanée » ou encore « un espace enherbé ». Et si, pour l'instant, cette fonction n'est que l'une des casquettes de la personne responsable des pesticides, cela pourrait évoluer, le plan Ecophyto 2018 visant à réduire progressivement l'usage des pesticides en France de 50 % d'ici à 2018. « Les grandes villes ont des personnes dévolues à cette tâche. Dans les collectivités plus petites, les chargés de mission zéro phyto sont souvent les chargés de mission développement durable. Ils s'occupent aussi de l'énergie et des transports », explique Régis Quaren, directeur de la Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles en Alsace ( Fredon). C'est le cas de Florian Sicard, chargé de mission au pays de Pamiers, dans le nord de l'Ariège : « Je m'occupe des phytosanitaires, mais aussi de la faune, de la flore et de l'architecture paysagère. »
Le travail d'un chargé de mission zéro phyto commence, selon Florian Sicard, par « la sensibilisation des élus et des agents sur les risques pour la santé et l'environnement ». Il se poursuit par « l'organisation de formations pour les agents techniques des communes », en partenariat avec le Centre national de la fonction publique territoriale ( CNFPT). Vient ensuite la phase « d'accompagnement à la modification des pratiques d'entretien ». Concrètement, il s'agit d'expliquer aux agents comment « aller vers les techniques alternatives de désherbage. Comme elles sont récentes, il est utile d'inviter des fournisseurs pour une démonstration de matériel », précise-t-il. Enfin, le chargé de mission zéro phyto doit aider les élus à communiquer vers le grand public, « via des expositions, des réunions d'information, des interventions dans les écoles ». « Les opérations de communication et de sensibilisation doivent se tenir bien en amont du processus », insiste l'Ariégeois.
Comment devient-on chargé de mission zéro phyto ? « Les profils sont assez divers », assure Frédéric Onno, chargé de suivi des programmes de reconquête de la qualité de l'eau au conseil général du Morbihan. « Souvent, ce sont des ingénieurs qui acquièrent de l'expérience sur le terrain », ajoute-t-il. « J'ai d'abord fait une école de commerce, puis un mastère 2 en développement local, une formation pluridisciplinaire pour travailler dans les collectivités territoriales », témoigne Florian Sicard. « Supprimer les pesticides suppose de recruter du personnel et d'acheter du matériel », résume Florian Sicard. Or, « ce qui compte pour les élus, c'est le budget », indique Frédéric Onno. Il n'est pas non plus évident de chambouler « les habitudes de travail des agents communaux, qui doivent par ailleurs développer de nouvelles compétences, indique encore Florian Sicard. Diplomatie et pédagogie sont alors des qualités essentielles ».