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POLLUTIONS

Les pesticides sans contrôle

PUBLIÉ LE 1er DÉCEMBRE 2013
LA RÉDACTION
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Selon la loi sur l'air de 1996, chacun a le droit de respirer un air qui ne nuise pas à sa santé. L'article R221-1 du Code de l'environnement rend obligatoire la surveillance et l'information de la qualité de l'air et de ses effets sur la santé et l'environnement, missions assurées par les associations agréées de surveillance de la qualité de l'air (Aasqa). Grâce à leurs stations implantées au niveau régional, elles mesurent les polluants dont le suivi est réglementairement imposé, tels que les dioxydes de soufre et d'azote, le benzène, le monoxyde de carbone, l'ozone, les HAP, les poussières fines et certains métaux. « Au-delà du suivi réglementaire, notre rôle est aussi d'alerter la population et les administrations sur l'émergence de nouvelles pollutions », souligne Dominique Tilak, directrice de l'Oramip, l'Observatoire régional de l'air en Midi-Pyrénées. Ainsi, certaines associations réalisent dès 2000 les premières mesures de pesticides, afin de dresser un état des lieux de leur présence aérienne. Depuis, plusieurs campagnes ont été menées ou sont en cours dans la plupart des régions où l'activité agricole prédomine, mais également dans les villes voisines. Après le Lot, l'Oramip lancera en 2014 deux nouvelles campagnes de mesures dans le Gers et en Haute-Garonne. La deuxième campagne d'Airparif est en cours sur deux sites, le premier en plein cœur de Paris, l'autre dans un champ au sud de l'Ile-de-France. « Par cette actualisation, nous voulons observer l'évolution des concentrations, l'apparition de nouvelles molécules et la rémanence de produits aujourd'hui interdits », précise Karine Léger, ingénieure et directrice adjointe d'Airparif. Cet été, Atmo-Picardie a publié les résultats de mesures effectuées en 2012, à la campagne et en ville, sur l'air intérieur et extérieur. Sur les 71 molécules analysées (fongicides, herbicides et insecticides), 47 ont été quantifiées au moins une fois. Pour trois d'entre elles, leur présence est détectée presque quatre fois sur cinq dans l'air intérieur. Les concentrations généralement constatées varient du nanogramme par mètre cube dans les zones rurales et urbaines au microgramme par mètre cube dans les secteurs viticoles, où la pression phytosanitaire est plus forte. La même année, Atmo Nord-Pas-de-Calais a mesuré en période d'épandage 31 molécules dans des exploitations agricoles de la région. « Les niveaux constatés dans l'air ambiant sont comparables à ceux des sites urbains de Lille ou Saint-Omer durant la même période », indique Emmanuel Verlinden, responsable des études. Et les niveaux dans l'air intérieur des corps de ferme sont souvent supérieurs à ceux trouvés à l'extérieur ! Flopel, 2,4D, trifluraline, lindane… La contamination est généralisée, à l'extérieur comme à l'intérieur de l'habitat, confirmée par d'autres études menées en Rhône-Alpes, Champagne-Ardenne ou en Bourgogne. L'agriculture semble en être la principale source, au regard des formulations présentes et des périodes de détection. Lors du traitement des cultures, la « dérive » de pulvérisation génère de fines gouttelettes et des aérosols. Les sols, sous l'effet du vent, relarguent des poussières polluées. Enfin, par volatilisation, certains composés se retrouvent dans l'air sous forme gazeuse. Les pesticides peuvent ainsi voyager sur de longues distances, jusque dans nos villes et nos maisons. Mais les usages non agricoles ne sont pas en reste. Certains composés sont identifiés comme provenant des désherbages communaux, du jardinage des particuliers, des insecticides ou antiparasitaires domestiques ou encore de produits de traitement des matériaux de construction, comme le lindane, omniprésent dans l'air intérieur. Environ 500 matières actives (et près de 10 000 formulations commerciales) sont utilisées en France, à l'évolution dans l'environnement très variable. Elles se dégradent en de nombreux métabolites, qu'il faudrait également surveiller. Les Aasqa doivent donc développer de véritables stratégies d'échantillonnage en fonction des saisons, des pratiques et des produits pour cibler les bons paramètres et caractériser au mieux les niveaux d'exposition. En 2010, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) soulignait cependant le besoin d'harmoniser les campagnes et les difficultés à exploiter les données collectées pour caractériser l'exposition aérienne des populations. « Partant de ce constat, nous avons recommandé l'élaboration d'une méthodologie commune, un protocole national utilisé par toutes les Aasqa », précise Jean-Nicolas Ormsby, directeur adjoint de l'évaluation des risques à l'Anses. Une réflexion qui sera menée en 2014 avec les ministères de la Santé et de l'Écologie. Ce dernier travaille sur un indicateur agrégé de présence de pesticides dans l'air nommé IPPAir, dans le cadre du Plan Ecophyto 2018. En l'absence de cadrage réglementaire, Lig'Air, l'Aasqa de la région Centre, a développé son propre indice. « Phyto intègre le risque sanitaire en tenant compte des doses journalières admissibles liées à l'ingestion des substances actives, à défaut de pouvoir disposer de données de toxicité propres à l'inhalation », mentionne Abdou Yahyaoui, responsable des études. En effet, l'évaluation du risque sanitaire est rendue difficile par le manque de données toxicologiques adaptées à la voie respiratoire. La toxicovigilance s'intéresse essentiellement aux effets aigus qui, dans 80 % des cas, surviennent par voie cutanée. Les effets environnementaux, caractérisés par un niveau d'exposition plus faible mais prolongé, sont difficiles à mettre en évidence, sans parler du fameux effet cocktail. « Notre action est essentielle pour constituer des banques de données d'exposition et les mettre ensuite à la disposition des organismes de santé. Elles alimenteront les études épidémiologiques, afin d'établir des corrélations entre une exposition atmosphérique et ces pathologies », précise Régine Lange, présidente de la fédération Atmo France, qui assure la représentation des 27 Aasqa régionales dans les instances nationales et européennes. Nous sommes cependant encore très loin de la définition de seuils d'exposition ou des normes, compte tenu du nombre de pesticides et de métabolites présents dans l'environnement et de la méconnaissance de leurs interactions et de leurs impacts sanitaires… Aux difficultés techniques s'ajoutent enfin des difficultés financières pour les Aasqa. En l'absence d'obligation réglementaire, les budgets pour le suivi des pesticides sont difficiles à boucler. Par exemple, Atmo Nord-Pas-de-Calais n'a pas pu mener à bien sa campagne en 2012. l
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