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POLLUTIONS

Le tertiaire cherche ses repères

PUBLIÉ LE 1er MAI 2014
LA RÉDACTION
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Le magazine pour les acteurs et décideurs du développement durable et des métiers de l’environnement.
1 Maîtriser les enjeux Bâtiments toujours plus étanches, matériaux de construction complexes ou produits d'entretien mal utilisés, la qualité de l'air intérieur des bâtiments tertiaires se dégrade. Un enjeu économique et sanitaire dont doivent se saisir leurs gestionnaires. Le très moderne système de ventilation du bureau déjà encrassé, une tondeuse à gazon et ses bidons d'essence stockés à deux pas de la salle de classe, une crèche dont la prise d'air donne sur un parking… La qualité de l'air intérieur (QAI) des bâtiments est encore très souvent négligée ou mal appréhendée. Pourtant, la France est le premier pays à mettre en place l'étiquetage des produits de construction et de décoration en fonction de leurs émissions en polluants volatils. Elle impose aussi, progressivement à partir de 2015 en commençant par les écoles maternelles et les crèches, la surveillance de la qualité de l'air dans les établissements recevant du public (ERP). « La communication autour de ce dispositif réglementaire doit permettre de sensibiliser plus largement exploitants et propriétaires à la question », souhaite-t-on au ministère de l'Écologie. Lancé en octobre 2013, le Plan d'action sur la qualité de l'air intérieur du gouvernement relevait l'importance des enjeux sanitaires et économiques pour le pays. L'asthme y touche 3,5 millions de personnes, tandis qu'une mauvaise QAI coûterait entre 10 et 40 milliards d'euros par an (arrêts de travail, remboursements de médicaments…). Les risques portent sur le court comme le long terme. Classé comme cancérogène certain par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le formaldéhyde, notamment émis par les meubles en bois ou certains revêtements de sol, est aussi par exemple un irritant des voies respiratoires. « L'enjeu est d'abord sanitaire, confirme Pierre de Roubaix, ingénieur spécialiste de la question au service bâtiment de l'Ademe. Nous p a ssons quand même entre 80 et 90 % de notre temps dans des espaces clos. En France, la proportion de personnes asthmatiques a quadruplé en trente ans. C'est peut-être en partie lié à l'alimentation, mais il faut constater que les bâtiments sont de plus en plus étanches et que les matériaux de construction et d'ameublement toujours plus complexes, tout comme les produits d'entretien dont la composition a beaucoup évolué. » Sans parler de la technicité croissante des systèmes de chauffage, du mauvais entretien général des constructions ou des débits de ventilation réduits pour économiser l'énergie… Conséquence : sources extérieures (circulation automobile, radon, sols pollués…) et intérieures (tabac, produits d'entretien, peintures et colles…) nous menacent davantage qu'il y a quelques décennies. La nouvelle réglementation demande de sur veiller le confinement (taux de CO 2 ) des ERP ainsi que leurs teneurs en benzène et formaldéhyde, deux polluants choisis pour leur toxicité et leur présence récurrente dans tous nos intérieurs. Dans les bureaux, d'autres composés seraient aussi à suivre. « Il existe peu d'études publiques sur la QAI dans les immeubles de bureaux en France. Il est donc difficile de désigner fermement tel ou tel polluant. Le nettoyage y est fait tous les jours, les composés organiques volatils (COV) comme le terpène ou le limonène sont donc à surveiller. Peut-être les particules ou l'ozone également, émis par les imprimantes photocopieuses. Ou encore les retardateurs de flamme bromés que l'on retrouve dans les ordinateurs… Il faut cependant garder à l'esprit qu'il n'existe pas de valeur guide pour chaque composé et que la concentration en particules n'est techniquement pas aisée à mesurer », pointe Corinne Mandin, coordinatrice scientifique de l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur (OQAI). Attention, en outre, au « mythe de la mesure » dénoncé par le volubile directeur d'Air Lorraine, Jean-Pierre Schmitt. « La mesure n'est qu'un moyen parmi d'autres qu'on peut mobiliser pour poser un diagnostic ou sensibiliser. Elle ne doit intervenir qu'après une phase documentaire (contexte, descriptif des lieux…), en ciblant au mieux les composés à mesurer en référence au contexte et aux éléments d'interprétation disponibles », préconise-t-il. Au risque de se méprendre, mieux vaut en effet savoir à quelles valeurs comparer les résultats obtenus. Il serait ainsi gênant de confondre valeurs guides garantissant l'innocuité sanitaire, valeurs de gestion, appelées à se renforcer au fil des années, définissant des seuils d'intervention ou d'action rapide, ou encore valeurs limites d'expo-sition professionnelle du Code du travail, plus élevées et qui intéressent les locaux à activités spécifiques. 2 CoMMuniQuer eFFiCaCeMent La communication autour de la qualité de l'air intérieur ne s'improvise pas. Initiatives et outils commencent à voir le jour pour guider collectivités et entreprises dans cet exercice. I l est toujours urgent de prendre le temps de réfléchir. » Les auteurs du guide Gestion de la qualité de l'air intérieur dans les établissements recevant du public (ERP), publié en 2010 par le ministère de la Santé, ont le sens de la formule. Objectif d'une communication maîtrisée dans le domaine : éviter la sur venue d'un épisode de crise communément appelé syndrome du bâtiment malsain (ou SBS pour Sick Building Syndrom) ou la gérer au mieux quand elle survient, comme récemment à la Bibliothèque nationale de France, à Paris, ou au commissariat de police de Berck (62). « La communication sur ce sujet doit s'effectuer en amont de façon sereine, en profitant par exemple de la Semaine du développement durable », propose Corinne Mandin, coordinatrice scientifique de l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur (OQAI). Seul souci : les spécialistes de la question, les conseillers médicaux en environnement intérieur (lire notamment EM n° 1692, p. 91), sont encore trop peu nombreux pour intervenir auprès des professionnels. « Les médecins du travail pourraient être porteurs du message dans les entreprises », envisage Corinne Mandin. Autre solution avancée par le guide du ministère de la Santé : nommer un référent QAI, garant « d'une gestion maîtrisée et sereine de la QAI dans un établissement collectif ». Il peut s'agir d'un membre du comité d'hygiène (CHSCT), qui n'est pas forcément un expert, mais peut s'entourer d'une équipe. Une belle idée qui ne résiste pas à l'épreuve des faits. « Je ne connais aucune structure publique ou privée qui s'en soit dotée. Déjà qu'il existe peu de référents énergie… », doute Jean-Pierre Schmitt, directeur d'Air Lorraine. L'association de surveillance de la qualité de l'air est parfois sollicitée, par exemple par une municipalité qui souhaite s'assurer de la prise en compte de la question pour une nouvelle construction. « La prise de conscience va croissant, notamment grâce à la nouvelle réglementation qui va obliger les établissements scolaires à afficher les résultats de leurs mesures de polluants. Nous pouvons sensibiliser les services techniques d'une collectivité en les poussant à s'approprier certains éléments de mesure simples, comme la température ou le confinement. Nous faisons aussi d'une pierre deux coups quand nous travaillons sur la réhabilitation thermique d'une école avec une petite commune ou quand nous abordons le thème au cours d'une réunion sur l'énergie dans une communauté d'agglomération, celle de Metz par exemple », expose Jean-Pierre Schmitt. Élu local à Houdemont (54), Paul Mougel a anticipé la nouvelle réglementation ERP en passant une convention avec Air Lorraine pour évaluer le confinement de six classes de maternelle et de primaire. « Nous nous sommes aperçus que la VMC des sanitaires de la primaire était en panne et l'avons rapidement fait réparer. Nous avons présenté la démarche et les résultats en conseil d'école. Une discussion ouverte a pu s'engager avec les parents, plutôt intéressés et contents que nous ayons abordé le sujet », témoigne le cofondateur de Lorraine Qualité Environnement (LQE). Quelques plaquettes d'information du grand public existent, mais à l'école ou au bureau, les outils de sensibilisation sont encore rares : deux guides du ministère de la Santé (un, déjà cité, sur la gestion de la QAI dans les ERP et un autre sur la prise en charge des syndromes collectifs inexpliqués) et la mallette pédagogique Ecol'Air (lire Le mot). On pourrait également ranger dans cette catégorie les boîtiers indicateurs de confinement, comme ceux du CSTB (Lum'air) ou du suisse Luftampel, ou les quelques kits d'analyse de l'air intérieur lancés sur le marché (Air Box, Airboxlab…). Pour sensibiliser enseignants et autres intervenants scolaires, Strasbourg a conçu et diffusé avec l'inspection académique un protocole d'aération des locaux leur rappelant par exemple l'importance d'aérer « chaque matin et chaque soir au minimum une demi-heure, été comme hiver ». « Il existe en trois formats pour s'adapter aux différents publics. Il a été pensé pour les établissements scolaires mais a vocation à être utilisé par d'autres structures », précise Pascale Rouillard-Neau, chef du service hygiène et santé environnementale. Au niveau régional, la Picardie a opté pour la méthode de l'appel à projets. « Nous venons de lancer le troisième, situe Julie Jan Lapkoff, chargée de mission environnement-santé. Associations, collectivités, entreprises ou syndicats professionnels peuvent proposer des actions d'information du public. Nous avons ainsi financé plusieurs projets (réunions de sensibilisation, ateliers pratiques…) organisés en direction de professionnels de l'aide à la personne ou d'assistantes maternelles. » 3 Contrer la pollution Construire ou réhabiliter sain, bien choisir mobilier et produits d'entretien, aérer régulièrement ou entretenir la ventilation, respirer un air de qualité à l'école ou au bureau n'est pas toujours un jeu d'enfant. Limiter les sources, aérer ou ventiler, et, en dernier ressort, épurer. Tels sont les trois piliers de la gestion de la qualité de l'air intérieur des bâtiments tertiaires. Limiter les émissions de polluants passe d'abord par un projet de construction ou de réhabilitation bien préparé. « Ne pas construire près d'un axe routier important ou sur un site pollué, concevoir intelligemment les espaces, dimensionner correctement les systèmes de ventilation, vérifier leur bon fonctionnement à la livraison et prévoir leur entretien régulier, comptent parmi les recommandations du guide Construire sain publié dans le cadre du deuxième Plan national santé en vironnement (PNSE 2) », glisse Corinne Mandin, coordinatrice scientifique de l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur (OQAI). Mener une démarche de construction durable (HQE en privilégiant la cible 13 sur la qualité sanitaire de l'air, BDM, C ’Bio, Leed, Breeam…), et peut-être répondre à partir de l'an prochain au label environnemental global adossé à la RT 2012 récemment annoncé par la ministre du Logement, est un bon moyen de garantir cette vigilance ainsi que de s'assurer d'une coopération menée en amont entre architectes et bureaux d'études. « Les bâtiments présentant une bonne QAI ne sont pas forcément ceux qui ont intégré cette composante à leur conception, mais plutôt ceux qui ont privilégié la simplicité des technologies et des matériaux », tempère Jean-Pierre Schmitt, directeur d'Air Lorraine. Pour la phase de réception, notons que l'Association HQE et l'Ademe ont publié un protocole opérationnel qui manquait aux professionnels de la construction. Rappelons enfin qu'un décret du 23 mars 2011 impose un fort utile étiquetage des émissions en COV des produits de construction et de décoration. Encore rares sont les collectivités et les entreprises s'étant véritablement emparé du sujet. L'enseigne Naturalia vient de faire valider la certification C'bio de son magasin pilote de Saint-Cloud (92), avec un important travail de sélection des matériaux puis de contrôle pendant deux années après l'ouverture. Autre initiative notable, celle de Generali Real Estate qui s'est lancé, avec l'aide d'Airparif, dans la cartographie de son patrimoine vis-à-vis de l'air extérieur. « Nous avons démarré fin 2012 nos réflexions sur ce sujet. Le premier échantillon inclut deux bâtiments dont nous étudierons l'air intérieur. Dans le bâtiment Beeotop de la porte de Clichy à Paris, réservé aux acteurs de l'économie sociale et solidaire (lire n° 1726 p. 14, ndlr), nous avons par ailleurs installé des brasseurs d'air et un système d'extraction pour réduire la pollution des plateaux au NO2 . Celle-ci était due à une prise d'air en toiture placée du côté du périphérique ! » retrace le responsable développement durable Nirmal Aryal. Côté collectivités, la QAI est l'un des trois piliers de la politique environnement-santé de la Picardie. Après avoir instrumenté dix-neuf bâtiments et six hôpitaux, l'objectif de la Région est de bâtir un cahier des charges particulier pour ses opérations de construction et de réhabilitation. Ailleurs, on peut le faire de façon moins formalisée : « Nous avons participé à la campagne pilote de l'OQAI dans les écoles et dû par la suite installer une VMC double flux dans un des établissements ayant dépassé le seuil de recommandations pour le formaldéhyde. Cela a éveillé les consciences. Nous regardons désormais attentivement la question pour chaque projet neuf, mais les outils manquent », explique Aurélie Costantin, chargée de mission à Mouans-Sartoux (06). Après la construction, vient l'aménagement des locaux. L'étiquetage du mobilier en bois prévu par le Grenelle venant seulement d'être relancé, mieux vaut se tourner vers des meubles en bois massif ou labellisés (Greenguard children and schools, NF Mobilier crèche, Ecolabel européen…). « Nous choisissons désormais du mobilier labellisé même si cela restreint les choix », indique Jean-François Bardin, responsable du service bâti-projets de Saint-Herblain (44). L'architecte a mené la construction de la crèche des Confettis, livrée en 2009 et souvent citée en exemple au niveau national pour l'attention portée à la qualité de l'air : vide sanitaire ventilé contre le radon, peintures minérales, colles sans solvant, VMC double flux, mesures de contrôle… « Quand nous y avons installé du mobilier classique en 2009, le taux de formaldéhyde est monté en flèche. La ventilation des locaux nous a permis d'évacuer cette pollution en quelques jours, mais nous aurions dû prendre la précaution de les déballer à l'extérieur… », se souvient Jean-François Bardin. Dans cette crèche « modèle », on est aussi vigilant sur le choix des produits ménagers et on respecte un protocole de nettoyage spécialement rédigé qui préconise par exemple l'ouverture systématique des fenêtres. La mallette Ecol'air (lire article précédent) donne d'autres précieux conseils également applicables au bureau : éviter les mélanges de produits et le surdosage, ne pas utiliser d'eau de Javel ou faire le ménage le soir afin que les polluants se dispersent pendant la nuit. Quand le bâtiment est climatisé ou ventilé mécaniquement, il faut penser à l'entretien et à la maintenance du système, trop souvent négligés. « Nous changeons les filtres de la VMC double flux tous les ans. Nous n'avons pas les budgets pour le faire tous les six mois, comme préconisé. Cela devrait changer l'an prochain », illustre Jean-François Bardin. Ajoutons que dans certains pays comme la Suède, une obligation de contrôles réguliers de ces installations existe. Rien de tel encore chez nous, mais deux guides indispensables aux gestionnaires motivés : celui de la mallette Ecol'air ainsi que le guide pratique Diagvent conçu par le Cetiat et l'Ademe pour les bâtiments résidentiels et tertiaires. En cas de pollution intérieure persistante, l'épuration peut, enfin, être une solution. Mais il faut être vigilant, tant l'efficacité de la photocatalyse, et encore plus celle des plantes, est sujette à caution. « Il faut choisir cette option en dernier recours. Ces appareils ne sont pas très efficaces. Certains peuvent même générer d'autres polluants ! », prévient Corinne Mandin, à l'OQAI. Finalement, un seul geste s'impose dans toutes les situations et tous les bâtiments, BBC compris  : ouvrir régulièrement les fenêtres !
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