Quatre ans de travail, plus de 180 molécules recherchées, 158 points de prélèvements, et 80 000 données collectées : c'est l'ampleur de l'étude prospective sur les contaminants émergents des eaux de surface que vient de présenter l'Ineris. Les résultats, transmis au ministère de l'Écologie, doivent servir à définir la liste des substances pertinentes à surveiller (SPAS) qui doit être publiée dans un arrêté attendu à l'automne. « Cette étude s'inscrit dans les plans d'action nationaux sur les micropolluants et les résidus de médicaments dans l'eau. Elle porte sur 182 substances, sélectionnées parmi 2 400 molécules candidates », indique Fabrizio Botta, chef de projet. « Quand on cherche une molécule fabriquée par l'homme, on la trouve », résume Anne Morin, directrice adjointe des risques chronique à l'Ineris. L'Institut a par exemple trouvé 3 parabènes dans plus de 95 % des échantillons d'eau et dans 35 % des sédiments, à une concentration inférieure à celle sans effet sur les écosystèmes et sur l'homme (PNEC – Predicted No-Effect Concentrations). En revanche, pour le bisphénol-A (BPA), des pesticides et biocides et résidus de médicaments, les concentrations sont supérieures. Le BPA a été identifié dans plus de 80 % des échantillons d'eau (quasiment absent des sédiments). Dans la famille des pesticides et biocides, le carbendazime est présent dans plus de la moitié des échantillons d'eau, et un sous-produit du DDT, dans plus de 50 % des sédiments. Plusieurs médicaments ont également été retrouvés, jusqu'à une fréquence supérieure à 70 % pour le carbamazepine (un antiépileptique). Les molécules d'intérêt émergent ainsi identifiées sont proposées pour la mise à jour de la liste de vigilance, définie par la directive 2013/39/UE. Elle rassemble des substances à surveiller avant une possible intégration à la liste des substances prioritaires de la DCE. AC