Si les opérations de nettoyage et de collecte de déchets sur les plages sont légion, la caractérisation et le suivi aussi bien qualitatif que quantitatif de ces trouvailles échouées selon un protocole partagé ne l'est pas. « Il y a un besoin de données fiables dans le domaine. D'où l'intérêt de cette initiative de sciences participatives visant à identifier, à quantifier ces déchets mais également à déterminer les activités humaines qui en sont à l'origine », indique Cristina Barreau, chargée de mission déchets aquatiques à la Surfrider Foundation Europe. La mise en place de ce monitoring s'est faite sur cinq plages pilotes dont deux dans l'Hexagone, en Bretagne et dans le Pays Basque, et trois en Espagne (pays basque espagnol). Le protocole impose un suivi quatre fois dans l'année et les événements (grande marée, perte de conteneurs par les navires, inondation en amont) ayant un éventuel impact sur l'accumulation de déchets doivent être mentionnés. Chaque opération de collecte de déchets commence une heure après la marée haute. S'impose aussi un transect de 100 mètres. Les données alimentent ensuite diverses bases dont celles de l'Agence européenne de l'environnement. Une majorité de fragments de plastiquesCe travail minutieux est donc complété par un effort de recherche scientifique visant à étudier les déchets aquatiques à la source, en évaluant leur apport dans les océans par les cours d’eau (courantologie) et leur circulation dans les anses et les golfes. La plage d'Anglet est ainsi impactée par le panache du fleuve de l'Adour. Bien que nettoyée quotidiennement par les services de la ville, plus de 10 000 déchets (items) y ont été collectés au cours des quatre campagnes de 2015. Il s'agit à 95 % de morceaux de plastique d'une taille comprise entre 2,5 cm et 50 cm ou de moins de 2,5 cm. « Plus de nombreux bouchons de bouteille, des déchets liés à l'activité de pêche (cordages, lignes de pêche) ou sanitaires (cotons tiges) », ajoute Cristina Barreau. Le constat est à peu près le même sur les autres plages examinées : cette prédominance du plastique inquiète l'association, qui milite pour que des moyens soient accordés à la recherche afin de mieux cerner leur origine et que des solutions réglementaires - la récente interdiction des sacs plastiques à usage unique apporte un peu d'espoir - et industrielles soient trouvées.MB