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Accueil > Actualités > Recyclage > Métaux critiques et terres rares : de la nécessité de les recycler
RECYCLAGE

Métaux critiques et terres rares : de la nécessité de les recycler

PUBLIÉ LE 23 MAI 2016
LA RÉDACTION
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Depuis janvier 2016, les prix des métaux sont au plus bas, bien en deçà du prix du baril du pétrole. Les métaux critiques et les terres rares ne sont pas épargnés : de - 20 à - 65 %. Les métaux utilisés pour certaines applications sensibles (panneaux photovoltaïques) sont également en chute de plus de 70 % pour le gallium, l'indium, le sélénium et le tellure. Entre 2011 et jusqu'en 2014, la baisse des prix étaient liée à la surproduction. A partir de 2015, la demande a commencé à reculer (récession de la chine, des BRICS et Europe, changement de produits, substitutions) et cela a entraîné la perte de rentabilité pour certaines mines et activités de recyclage. Cette situation n'est pas irrémédiable. Elle évolue de façon cyclique mais fragilise l'industrie sur le long terme.Sur l'initiative de l'Opecst*, des travaux ont démarré il y a deux ans sur les enjeux stratégiques des terres rares et des métaux critiques. Fin février, une partie de ces travaux a été rendue publique à l'assemblée nationale, conviant une quarantaine d'experts (institutionnels, scientifiques, industriels, politiques). Leur mission : apporter des éléments de réponse aux interrogations sur l'avenir de l'industrie minière et métallurgique en France et en Europe ; informer sur l'état de la recherche et de la formation sur les terres rares et les matières stratégiques ; éclairer sur les enjeux internationaux et les coopérations à développer. A la lumière de ces avis éclairés, l'Opecst rendra un rapport fin mai au gouvernement assorti de propositions et recommandations. Les rapporteurs du projet se sont également rendus dans plusieurs pays scandinaves et au Japon pour découvrir d'autres pratiques et stratégies politiques pouvant être sources d'inspiration. Les moyens d'actions européensInvité à s'exprimer sur le sujet lors de l'audition publique de l'Opecst, Gwénolé Cozigou, à la direction générale de l'entreprise et de l'industrie de la Commission européenne, évoque l'existence depuis huit ans, d'une stratégie européenne à travers le programme «Horizon 2020». Pour un budget total de 600 millions d'euros, Horizon 2020 aide la R&D et toutes formes de coopérations au sein de l'UE mais aussi hors UE  pour garantir un accès aux ressources. Concernant plus précisément les métaux stratégiques (cela inclut aussi certaines terres rares), la liste européenne actuelle compte depuis 2014, 20 matières critiques après une première révision en 2013. Cette liste est valide jusqu'en 2017. Une troisième liste révisée est programmée. Toute innovation technologique réalisée par une start-up ou une entreprise peut désormais être financée via la plateforme des KICs (Knowledge and Innovation Communities). Enfin le paquet sur l'économie circulaire ne contient pas moins de 50 mesures sur les matières critiques qu'elles soient d'origine primaire ou secondaire. En outre, l'Allemagne à la présidence du G7 a initié un système d'informations sur les flux des matières premières et sur l'efficacité de ressources. Dans le cadre du prochain G20 qui se tiendra début septembre à Hangzhou (Chine), ce dispositif pourra sans doute intéresser les économies émergentes participant à l'événement. Le recyclage : un problème de massificationEn France, les décisions tombent comme des couperets. L'atelier de recyclage des terres rares sur le site de Solvay à La Rochelle cessera son activité d'ici à la fin de l'année. En cause, le coût de traitement des terres rares issues des lampes fluocompactes trop élevé par rapport aux nouveaux produits LED et la baisse des prix des matières premières vierges. Extracthive est une Jeune Entreprise Innovante depuis mars 2016. Elle a été créée il y a un an en liaison directe avec le CEA de Marcoule pour développer des procédés de recyclage des métaux stratégiques grâce à ses compétences en hydrométallurgie. Avec la chute des prix des métaux critiques depuis plusieurs mois, Extracthive a été obligée d'élargir son champs d'action en misant sur le conseil et les technologies de traitement des déchets industriels autres que les métaux. Elle s'appuie pour cela sur d'autres compétences en pré-traitement (thermique, chimique), en mise en solution (lixiviation) et en extraction (précipitation, électro-extraction, extraction par solvants).Ces aléas sont visibles ailleurs en Europe, sous la forme d'une baisse d'activité ou de chiffre d'affaires chez Umicore, Boliden, Aurubis, Recylex ou aux Etats-Unis avec la faillite l'été 2015 du producteur de terres rares Molycorp. Ils sont étroitement liés aux conditions du marché, aux prix des matières premières et aux coûts trop élevés de traitement. « Dans le cas de nombreux petits métaux, il faut savoir que leur recyclage à partir de produits en fin de vie, selon Patrice Christmann, directeur de la stratégie et de la recherche au BRGM, est inférieur à 1 %. Or s'il coûte moins cher de produire du neuf, il ne peut y avoir de recyclage économiquement viable, hors financements publics faisant varier les conditions qui seraient celle du  marché ». Tout est une question d'économie d'échelle, ajoute Gwénolé Cozigou, qui souligne les actions nécessaires en faveur du transfert de déchet : « il faut simplifier les mouvements et les procédures pour favoriser le regroupement de certains déchets dans des pays européens spécialisés dans leur recyclage». Pour autant, certaines revendications ont du mal à passer auprès de la Commission : « pourquoi les acheteurs de matières secondaires des pays tiers hors UE, sont capables d'offrir des prix supérieurs aux acheteurs communautaires ? s'interroge Gwénolé Cozigou. Par ailleurs, alors que nous luttons contre les entraves à l'accès aux matières premières primaires comme les terres rares, quelle serait notre crédibilité si nous mettions des entraves à l'exportation des matières secondaires ? »Pour pallier aux risques de pénurie, le recyclage est incontournable mais ce n'est pas la seule piste. Relancer une stratégie minière en France semble pour de nombreux experts, un axe nécessaire. Selon Alain Ligier, ingénieur des mines et ancien secrétaire général du Comes, « il suffirait de mettre sur la table une enveloppe de 60 millions d'euros sur cinq ans pour obtenir une connaissance consolidée du sous sol français ». Encore faut-il y associer la volonté politique. Malgré la réforme de son Code minier, la France reste frileuse dans ce domaine, face à une hostilité nationale. Et dans la métallurgie, c'est encore plus vrai. La perte de production conduit à une absence de culture industrielle, que peuvent avoir au contraire quelques pays d'Europe du Nord. Cela génère comme le souligne Alain Ligier, le « culte du cargo » - cela viendra bien de quelque part. Pourtant les matières stratégiques sont une réalité bien ancrée dans hexagone et en Europe. Elles sont incontournables, comme leur nom l'indique, pour développer les technologies de demain comme celles qui intègrent par exemple les secteurs des énergies renouvelables et des transports à empreinte carbone réduite. Coopérations internationalesSi des activités de recyclage ou de production en Europe s'arrêtent, c'est une perte irrémédiable au niveau des savoir-faire et de l'innovation. Et c'est le risque d'instaurer de nouveau une dépendance vis-à-vis des pays producteurs. Sauf à anticiper par de la formation, de la R&D et de la coopération internationale. Au Japon, la crise de 2010 a fait virer de bord le pays qui a orienté son industrie et sa politique pour rester un acteur incontournable dans la chaîne de valeur malgré l'absence de ressources sur son territoire.L'industrie allemande a fait le choix de financer des projets d'innovation et de R&D à hauteur de plusieurs millions d'euros. En France, les programmes scientifiques sont là, les technologies sont dans les tuyaux. Il ne manque plus que le financement pour les développer et les mettre en application. Entre la France et l'Allemagne, les partenariats ne manquent pas. Ainsi l'ANR et son homologue allemand BNBF ont initié en 2014 pendant trois ans, deux projets labellisés sur les métaux critiques : EcoMetals avec le BRGM sur l'extraction des métaux rares par procédés bio-hydrométallurgiques et Recval-HPM sur le recyclage des aimants permanents issus des DEEE. Ce projet est coordonné par le CEA le Fraunhofer. Les partenaires industriels français et allemands couvrent l'ensemble de la chaîne de valeur : Triade, Adamec et BASF pour le recyclage et l'extraction, Arelec pour la conception des dispositifs électromagnétiques, Bosch et Voith pour l'emploi d'aimants de base dans leurs technologies. Les partenaires de recherche vont travailler notamment sur l'extraction des terres rares par un solvant sélectif (magnésium liquide) à haute température, par hydrométallurgie à l’aide de solvants bio-sourcés et par électro-réduction. Pour les aimants non directement réutilisables, la fragmentation par décrépitation sera examinée pour produire des poudres d’aimant en vue d’une refabrication. Recval établira une base de connaissances sur les méthodes de récupération et de valorisation des matériaux magnétiques et plus généralement des terres rares. Les coûts liés à la récupération et au transport seront pris en compte pour avoir une vue complète sur le potentiel des voies de réutilisation et de recyclage en fonction des variations du cours de terres rares. Grâce aux avancées établies, les recycleurs pourront au final améliorer leurs performances tandis que les utilisateurs d’aimants gagneront en indépendance vis-à-vis de leurs fournisseurs. * Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques
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